Réalisé par Mike Mitchell (Shrek 4, Lego 2...), on pouvait s'attendre au pire. A-t-il déjoué les pronostiques ? Non, il les a même dépassés.
Kung-Fu Panda 4, c'est l'histoire d'un film qui enterre son héros par un scénario à l'antithèse du premier film, en particulier. Sur le récit, le long-métrage ne sait pas vraiment quel est son sujet :
la quête d'un nouvel apprenti pour le guerrier dragon, la menace de la Caméléone...? On penserait les deux mais la narration peine à les mêler clairement et finalement la première intrigue n'est pas totalement réglée à l'issue de la séance. La seconde est trop superficielle pour qu'on tire quelque chose du film.
Ce scénario fait souffrir notre petit Po dès le départ,
lorsque Shifu lui annonce qu'il doit "transmettre" sa charge de guerrier-dragon, le héros refuse dans un premier temps, le réalisateur aurait pu entendre ses suppliques et terminer le film ici...Il n'en est rien !
Les dialogues s'enchaînent et se ressemblent dans un feu d'artifice de répliques superfétatoires et, pour la première fois à l'issue d'un Kung-Fu Panda, aucune d'entre elles ne nous reste à l'esprit par la finesse, la fluidité, la pertinence et le comique. Les gags sont souvent désamorcés car...pas drôles souvent, ou déjà fait plusieurs fois dans le récit, et les personnages peinent à exister autrement (ce qui n'aide pas !).
La grande faiblesse du film (enfin l'une d'entre elles), ce sont ses personnages. Effectivement, après un festival assuré lors des trois bons prédécesseurs, Kung-Fu Panda 4 pouvait rougir d'avance, et rougira encore longtemps.
D'une part, le rôle de l'apprenti joué par une renarde assez vide d'intérêt dès le départ : la scène d'introduction présente une semi-baston entre elle et Po, physique et verbale, très redondante qui achève le personnage avant même de l'avoir présenté. Très semblable (sinon identique) au personnage du chat-danseur dans Tous en scène 2, on peine à lui trouver un intérêt, pour le récit comme pour nous, tant elle est vide (rapide flashback sur son enfance qui arrive tard dans le film, trop pour qu'on s'y intéresse). Là où ce personnage est encore davantage embourbé, c'est qu'il supplante à l'absence des Cinq Cyclones, chose inimaginable et pourtant bien réelle : les compagnons de Po sont absents de cet opus et le spectateur, comme Po, doit supporter la compagnie (longue et pesante) du renard qui a tenté de le voler.
L'autre personnage nouveau (enfin nouveau...façon de parler) c'est
la Caméléone
qui, là encore, devait succéder à trois bons antagonistes et, oui,
elle ne s'y retrouve pas. Peu impressionnante dans ce qu'elle est capable de faire (brûler un échafaudage, demander de l'argent à la pègre, contrôler la ville à l'aide d'une armée de lézards), elle s'enfonce un peu plus dans le film (long, très long). Ses intentions sont les suivants : obtenir le kung-fu des antagonistes en les faisant revenir du monde des esprits et en leur confisquant, par magie, leur kung-fu (ça ressemble effectivement à ce que faisait Kai dans le troisième film mais, attention, on parlait là du chi, rien à voir...). Elle explique que ça lui vient du traumatisme d'avoir été rejetée des salles d'entraînement de kung-fu car "trop mauvaise"...
Sur d'autres points purement techniques, le film se fait remarquer par sa laideur pérenne qui contraste beaucoup avec le précédent opus (l'opposition est facile mais reste comme un leitmotiv tout au long de la lecture tant on aimerait comprendre...). La musique est aussi invisible que le scénario, rebouclant encore et encore le thème d'Oogway jusqu'à en perdre la substance et le sens.
Présagé comme "la suite de trop" après trois excellents films équilibrés à la fin desquels le parcours du héros semblait achevé, Kung-Fu Panda 4 ressuscite (de force) notre panda bien aimé pour lui retirer son fun, ses doutes, son humour, sa profondeur, bref, tout ce qu'on a appris à aimer chez lui. L'univers échafaudé avec équilibre depuis le rêve d'aventure et de bataille, du premier film, à la victoire sur Kai dans le monde des esprits, à l'issue du troisième, peine à trouver sa place dans ce douloureux volet qui s'efforce de le briser partout où il peut, à grands coups de pompes.