Back to Black doit beaucoup (tout) à Marisa Abela, son actrice qui se démène durant 2h, chantant avec les tonalités typiques d'Amy Winehouse, s'exprimant avec ses tics de langage et de gestuelle (assez bluffants à voir, reproduits à l'identique), parvenant parfois à nous faire oublier que ce biopic est très lisse, policé, n'en veut qu'à l'alcool dans la déchéance de la vedette. On oublie complètement la partie "papa qui a fait de sa fille une vache à lait, la sortant de désintox pour aller chanter", et on ne sait pas franchement pourquoi (pour une fois que la famille de l'artiste n'est pas à la production...). Mais il n'en reste pas moins que Back to Black explique mieux les étapes-clé de la vie de l'artiste, plus longuement, plus honnêtement, sans devenir plombé et ennuyeux, que bon nombre de récents biopics (on pense surtout à un rasta qu'on adore, mal dégrossi par son biopic très récent...). Aussi, la mode des biopics de musiciens n'arrive toujours pas à recréer le prochain Bohemian Rhapsody, mais n'aura pas à avoir complètement honte avec cet opus qui laisse entrevoir assez simplement la vie de l'artiste biberonnée au whisky et mal conseillée par son entourage, au franc-parler et au caractère bien trempés. On regrette quand même amèrement les chansons qu'on n'entend que dix secondes entre deux scènes inutiles (un parfait massacre de sa disco pourtant si belle), on regrette aussi la mise en scène de Sam Taylor-Johnson (la dame qui a fait Cinquante Nuances de Grey... Faites ce que vous voulez de cette info), on regrette encore plus cette fin tranchée qui ne sait pas créer du drame autour de la disparition de son héroïne (cela coupe net, alors qu'on aurait aimé que le film fasse monter l'émotion à ce moment-là). Malgré ses mains libres sur la production qui n'était pas liée à la famille de la défunte, Back to Black ne s'autorise pas à être très transparent sur les raisons de la chute libre mentale de l'artiste à la coupe surélevée, ce qui est dommage, malgré son actrice qui se donne à mille pour cent pour sauver les meubles d'une direction absente. Marisa Abela fait vraiment illusion, et si elle garde la perruque sur la tête, elle peut enchaîner avec un biopic de Shirley et Dino (si seulement).