Déjà, un biopic sur Amy Winehouse...? On est dans le presque présent, même si elle a disparu il y a 13 ans. L'album Back to black lui, n'a pas disparu, loin de là. Il reste la bande originale de beaucoup de souvenirs, de "toute une époque", la fin des années 2000, dont la diva a été une héroïne tragique... Pourquoi j'ai autant aimé ce biopic? D'une part, je pense que le timing est parfait, et que le récit est très juste. On imagine forcément le désastre que pourrait être un mauvais biopic sur Amy Winehouse, qui viendrait copier-coller les éléments archétypaux de tous les mauvais biopics qu'on a pu voir... A mon sens, ce film n'en fait pas partie. Il n'est pas anodin que le film ait pour sujet les années 2000, qui ont connu l'apogée de ce genre (Ray, La môme, Walk the line...) qu'on a ensuite un peu ringardisé suite à indigestion. Ces dernières années ont vu un changement dans la manière de conduire ces récits : soit on zoome sur un épisode ou une période en particulier (Ferrari de Michael Mann se concentre sur l'année 1967 de la vie d'Enzo Ferrari), soit on isole un angle ou un personnage plutôt original dans l'entourage de l'idôle (ça donne Priscilla), manière de faire qui semble déjà un peu ringarde. Bref, rares sont les biopics à vraiment trouver le grand public de nos jours, même si on se souvient du très réussi Bohemian Rhapsody en 2019.
Sam Taylor-Johson choisit une voie un peu médiane pour faire vibrer la personnalité de la diva, disparue à 27 ans. Elle couvre une large période : de la fin de son adolescence, à Camden, couvée par sa grand-mère juive, source d'inspiration inépuisable pour la chanteuse, jusqu'à son décès en 2011. Mais elle élague beaucoup le récit en choisissant vraiment une interprétation très franche sur la personnalité d'Amy : elle inscrit sa trajectoire dans la relation passionnée et destructrice avec son mari, Blake Fielder-Civil. L'homme, rencontré dans un bar de Camden au tournant des années 2000, va la faire plonger dans la drogue, la couper de tout, la violenter physiquement et psychologiquement. Leur rupture va inspirer à la diva ses plus belles chansons, et la faire passer du statut de chanteuse à star mondiale. Un statut qui n'est jamais l'objet de fantasmes pour la réalisatrice, qui ne quitte jamais le mode "sombre". Très belle séquence que l'enregistrement de la chanson Back to black, qui se conclue dans le chagrin. Amy regarde la caméra, au moment même où elle fixe son tube immortel : "He Killed Me". Aucune paillette dans la vie d'Amy Winehouse, on ne fera pas envier le sort de cette jeune femme, très seule, très vulnérable, qui n'a rapidement plus d'entourage, à part son père, chauffeur de taxi, qui continue à la conduire dans Londres... Triste vie que celle d'Amy Winehouse, sublimée cette triste bande originale....
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