Si vous suivez quelque peu mes escapades musicales, vous savez que je suis très fan des chansons d’Amy Winehouse qui parviennent à me toucher avec une force que je ne saurais expliquer. Avant mon visionnage, j’étais loin d’être un expert de la vie de la chanteuse mais j’en savais les grandes lignes et j’avais surtout un intérêt pour l’incroyable sensation ressentie lorsque j’écoutais ses chansons. La fascination était en pleine croissance lorsque le biopic a été annoncé, que demander de plus ? Je me suis empressé de me ruer au cinéma pour me faire mon propre avis. Et je dois dire que, malgré les critiques assez divisées, j’ai adoré le film.
On nous plonge dans la vie de l’artiste avec une époustouflante facilité et on nous offre une vue d’ensemble de tout son parcours, du début de sa vie rempli de rêves, à la fin survenue si tôt et entourée de mélancolie. On débute avec une scène d’ouverture qui cite Sinatra, je ne pouvais que plonger ! Évidemment, la biographie se concentre surtout sur son avènement musical et sa relation toxique avec son compagnon Blake. Certains ont reproché cet angle de vue que je trouve au contraire très ingénieux, et pour cause, sa relation a eu une immense influence sur l’écriture de ses chansons et sa personnalité, parfois émerveillée, souvent culotté et colérique. On découvre aussi sa descente aux enfers, son retour au noir, de ses nombreuses addictions à ses travers caractériels - dont la volonté n’est jamais de les atténuer - tandis que le succès est toujours plus grand, face à une horde de paparazzis omniprésente. La réalisatrice Sam Taylor-Johnson parvient d’ailleurs à traiter le sujet sans intention moralisatrice ni sans sombrer dans la caricature, en faisant le parallèle avec la recherche de la maternité, c’est très réussi car fait sans l’obscénité du voyeurisme qui aurait pu subvenir. Le fait que les paroles des chansons soient traduites en légende est aussi une bonne démarche qui nous permet d’enfin en comprendre le sens et surtout de faire un lien entre sa vie et ses musiques. Les acteurs sont à un niveau de maîtrise stupéfiant, à commencer par la grandiose Marisa Abela qui parvient à reproduire Amy avec un mimétisme autant au niveau des expressions que de la manière de se mouvoir que de la transmission des émotions, c’est époustouflant. Elle est juste du début jusqu’à la fin, parvenant à faire briller ses yeux autant grâce à la joie qu’à cause de la mélancolie. Les costumes sont extrêmement fidèles, le maquillage parfait et les coiffures identiques aux vraies. D’un point de vue cinématographique, les transitions sont très fluides grâce au système des tatouages qui permettent de faire avancer le temps sans avoir à insérer un cartouche indicatif en bas de l’écran. Les chansons sont souvent les véritables enregistrements, un gros avantage qui ne dénature pas les intonations que l’on connaît par cœur à mesure de les écouter. J’ai adoré retrouver « Me and Mr. Jones », « Rehab » ou encore « Love Is a Losing Game » même si j’aurais aimé avoir ma favorite : « You Know I’m No Good ». Ma mention spéciale ira cette fois à ma scène préférée. On y assiste à un enchaînement de séquences avec la fameuse chanson « Back to Black » en fond qui, dès les premières notes, m’a scotché à mon siège avec virulence. La puissance qui se dégage du moment m’a inévitablement fait verser des larmes. Le moment n’était pas triste mais le film a fait appel à ma sensibilité, à mon amour pour cette chanson exceptionnelle et tout était réuni pour me saisir avec une force indéchiffrable, un vrai moment de cinéma. Le seul défaut que je donnerais au film serait ses quelques rares longueurs et l’omission du rapport d’Amy à ses fans. On la montre en présence de ses détracteurs, du public hystérique ou des journalistes usants mais jamais face à un amour sincère des spectateurs. J’avoue avoir honte de finir là-dessus tant l’œuvre est aboutie dans son entièreté, un magnifique hommage à Amy Winehouse qui n’aurait pu être mieux.