Zahara, une réfugiée apatride, vit sur une petite île isolée de Malaisie, où elle gagne sa vie en vendant des œufs de tortue. Un jour, Samad, prétendant être un chercheur universitaire, demande à Zahara de lui faire visiter l'île. Étrange film que ce Stone Turtle, réalisé par le malaisien Woo Jing Min, et qui évoque aussi bien Un jour sans fin que les Revenge Movies ou encore le cinéma de Kim Ki-duk, pour sa cruauté, notamment. Le film, mené par une actrice principale sidérante (Asmara Abigail) emprunte également au folklore populaire local et se permet plusieurs scènes en animation follement romantiques. L'histoire est simple, avec une bonne dose de toxicité masculine à la clé, mais racontée de manière fantastique, sous différentes versions, laissant au spectateur toute latitude pour tracer ses propres repères. Stone Turtle alterne chaud et froid, tendresse (Zahara et sa nièce) et horreur (Zahara et les hommes) dans un mélange piquant où l'humour a aussi sa place. Le tout, dans un décor de rêve, magnifiquement photographié, où les oursins, les tortues et les super-héros ont des rôles bien différents, sur la plage où les maléfices se réalisent et où le sang coule. Présenté à Locarno, le film mériterait une exposition dans les festivals français (Nantes et Vesoul) et bien entendu en salles.