Simone est une jeune Brésilienne. Avant d’assumer des fonctions de procureur, elle étudie le droit pénal et tout particulièrement les dispositifs législatifs permettant de combattre les violences domestiques. À ses heures perdues, chez elle, elle explore ses limites physiques et sexuelles sur le Net devant sa webcam.
La règle 34 stipule que, sur Internet, tout peut être détourné à des fins pornographiques, jusqu’aux objets et aux situations les plus prosaïques (la règle aurait été forgée, m’apprend Wikipédia, en réaction à une version X de Calvin and Hobbes).
J’avoue n’avoir pas compris clairement le sens de ce titre. Faut-il entendre que la Simone nocturne qui s’exhibe devant sa webcam est la version porno de la Simone diurne qui suit sagement des cours de droit ?
J’avoue aussi ne pas avoir compris grand chose à ce film sans doute trop intellectuel pour moi. La lecture du dossier de presse m’a éclairé et a donné à "Règle 34" une profondeur que sa seule vision n’aurait pas suffi à révéler – ce qui pose au passage un problème artistique fascinant : comment apprécier la valeur et la qualité d’une œuvre qui serait incompréhensible au spectateur si elle ne lui était pas expliquée mais qui le devient une fois cette explication donnée ?
J’y ai appris beaucoup sur la loi Maria Da Penha (du nom de la pharmacienne brésilienne qui faillit périr sous les coups de son mari et demanda réparation en justice pendant plus de vingt ans) adoptée en 2006 pour combattre les violences domestiques. Son nom est prononcé plusieurs fois dans la VO ; mais les sous-titres la traduisent par une périphrase.
Dans son école de formation, Simone est initiée aux dispositifs légaux censés prévenir et sanctionner les violences sexuelles. Mais le soir venu, seule dans sa chambre, ou en compagnie de deux amis avec lesquels elle forme un trio bisexuel et non-binaire, Simone s’affranchit des limites que la société et la morale ont fixées. Avec les internautes qui se connectent à son salon, elle accepte de s’exhiber voire de s’auto-asphyxier au risque de mettre sa vie en danger.
Le vif débat qui l’oppose à une autre étudiante qui condamne la prostitution sans exception alors que Simone revendique la liberté aux femmes qui le choisissent de disposer librement de leur corps et, notamment, de se prostituer, semble résumer, si je l’ai bien compris le film : celui d’une tension, d’une opposition, entre la norme sociale, que la Simone diurne est censée défendre en prenant la cause des femmes battues, et l’irréductible liberté individuelle que la Simone nocturne, nue, exhibée et fière de l’être, incarne.