Victime de polémiques et un peu trop "léger" pour se mesurer aux mastodontes de la compétition cannoise, Le Retour mérite d'être jugé pour ce qu'il est, à savoir un bon film sensible qui étreint plutôt bien, même s'il embrasse beaucoup de thèmes. Pour que tu m'aimes en Corse (cela vous rappelle quelque chose ?), tel est l'essentiel des histoires qui se passent au présent et au passé, pas très simple, ce dernier. Outre la carte postale de l'île de beauté, sur laquelle Catherine Corsini n'insiste pas outre mesure, le scénario se fait récit d'apprentissage, dans un certain classicisme, tout en expliquant un secret familial, peut-être de manière trop démonstrative, mais sans perdre de vue ses différents personnages, appartenant à deux, voire trois, générations, avec une certaine générosité et bienveillance, dans l'approche. Rien d'exceptionnel dans tout cela mais l'ensemble est assez joliment mené, y compris lorsque le ton se fait plus caustique avec une certaine élite intellectuelle, financièrement à l'aise (Podalydès et Ledoyen, parfaits). Mais ce sont bien ses deux jeunes héroïnes, Esther Gouhourou et Suzy Bemba qui apportent leur dynamisme au film, dans une initiation aux plaisirs plus ou moins défendus, pour lesquelles elles donnent toute leur fraîcheur et tout leur enthousiasme. Et c'est d'elles et de leur spontanéité que viennent les franches tranches d'émotion d'un film à apprécier à sa juste valeur, loin du barnum de Cannes..