Émotion et nostalgie sont de sorties, forcément, au moment de découvrir un Woody Allen pour la dernière fois.
La bande annonce, et plus encore ces derniers films (parmi lesquels le très fade "Cafe Society", le très glauque "Wonder Wheel" et le très évitable "Rifkin's Festival") ne me laissaient rien présager de bon.
Mais ce fut une bonne surprise de voir ce réalisateur génial sortir (enfin !) de sa torpeur que je craignais irrémédiable.
Alors on ne tient pas là le chef d'œuvre de Woody, loin s'en faut. On pourrait facilement rapprocher ce "Coup de Chance" de "L'homme irrationnel" ou de "Match Point" (thématique de la chance) mais il n'a ni la férocité philosophique du 1er, ni le génie du second.
On le surprend à se laisser aller à de douteuses facilités scénaristiques, la musique n'est pas forcément des mieux choisies pour illustrer le film, et les dialogues sont quelconques, et Melvil Poupaud en fait trop, mais ...
C'est merveilleusement filmé. Lou de Lâage (à l'instar de Scarlett Johansson sous la caméra de Woody), n'a jamais été aussi lumineuse. Le film est surprenant. Et comme à chaque fois, il donne matière à échanger, à discuter, à réfléchir (sur la vie, son absurdité, sur les gens, absurdes eux aussi, sur le vice,...).
La tension générée progressivement par l'intrigue vous tient en haleine, et la fin est délicieusement ironique (l'ironie étant un des principaux thèmes abordés, par le personnage d'Alain, campé par N. Schneider).
Pour moi, le meilleur Woody depuis l'Homme irrationnel.
Et reste désormais ce petit pincement au cœur, car "c'était le dernier".
Pour toujours, merci, Maestro, de la lumineuse brillance de vos œuvres.