Un coup pour rien.
Ceux qui prétendent que Woody Allen "fait toujours le même film" n'ont probablement pas vu les 50 long métrages, à peu prés, réalisés depuis la fin des années 60 par le cinéaste. Entre "Prends l'oseille et tire toi" et "Interieurs", il n'y avait déjà rien de commun. En revanche, on peut dégager des thèmes récurents. "Crimes et délits" en 1989, "Match Point" en 2005, le "rêve de Cassandre" en 2007, ou le plus récent "Homme irrationnel", répondent tous à des variations dans la lignée du thème proposé par Dostoievski dans "Crime et chatiment". La nécessité pour un personnage d'envisager et de recourir au meurtre, et le rôle de la chance dans la réussite du projet et d ela vie en géneral. Dans sa variation 2023, le titre même annonce la couleur. Mais voilà; cet opus n'arrive pas à la cheville des précédentes proposition de l'auteur. Or on est bien obligé de comparer. Outre le problème des dialogues, plats, sans une once de second degré, outre la faiblesse des cadrages, le négligé de la lumière et de l'étalonnage aux verts et jaunes pisseux, il y a une vraie faiblesse de scénario. Pour quelqu'un qui nous avait habitué à travailler avec le chef operateur de Bergman, se retrouver avec une image qui rappel les téléfilms français fauchés des pires heures pseudo nouvelle vague de la TV subventionné, ça fait un peu de peine! Les acteurs se sortent plutôt bien de ces situations peu inspirantes, mais ça ne suffit pas à éviter l'indifference et l'ennui. On a l'impression que Woody est devenu dans ce film son personnage de "Hollywood ending", dans lequel un réalisateur dirige son film alors qu'il souffre de cécité foudroyante...C'est avec beaucoup de bienveillence que j'appréhendais ce film, bien qu'un peu inquiet aprés avoir vu la bande annonce. Mais toutes mes craintes ont été dépassées. Heureusement la musique est sympa, bien qu'un peut systèmatique: elle ne suffit pas à rythmer une intrigue qui manque fondamentalement de ressort...Esperons qu'on aura un prochain cru, qui nous fera oublier ce mauvais coup. D'ici là, On revéra avec plaisir "Minuit à Paris", ou "Crimes et délits", ou l'un de ses autres grands films, afin d'oublier au plus vite cet accident de parcours