Woody Allen ? Boycotter ses films ou ne pas les boycotter, alors qu'on a vu toute son œuvre au cinéma ? Ne pas aller voir ce film dans un louable élan "pro-metoo" serait presque une solution de facilité dans la mesure où ses derniers films m'avaient, de toute façon, profondément déçu. Oui, mais, comment faire faux bond à Lou de Laâge, pour moi LA grande comédienne de sa génération ? J'ai donc décidé d'aller voir "Coup de chance" et, franchement, je ne le regrette pas car il y a longtemps qu'un film de Woody Allen ne m'avait autant intéressé. Un Woody Allen en français, un Woody Allen où on ne rit pratiquement jamais mais qui nous emporte grâce au très beau couple adultérin formé par Lou de Laâge et Niels Schneider. J'entends toutes les critiques faites à ce film : scénario vu des centaines de fois, le milieu presque caricatural dans lequel évoluent les personnages, etc. Oui, mais quelle belle interprétation de l'ingénuité par Lou de Laâge, de l'amour qui a couvé pendant des années et qui se rallume chez Niels Schneider, de la perversité malsaine chez Melvil Poupaud. Coïncidence : on remarquera que ce film dans lequel il est beaucoup question de hasard et de chance vient juste après "Le tourbillon de la vie" dans la carrière de Lou de Laâge, un film centré sur l'importance du hasard dans nos existences. Contrairement à la plupart des critiques, j'ai de beaucoup préféré la première partie du film, celle qui voit évoluer la relation entre Lou de Laâge et Niels Schneider, à la seconde partie, quand le film s'oriente vers l'enquête menée par Valérie Lemercier. Dernier point : le film est une coproduction anglo-française, les interprètes sont français, mais le réalisateur est américain, ce qui fait que presque toutes les scènes ont droit à un accompagnement musical. Heureusement, Woody Allen semble avoir enfin réalisé que le jazz avait continué à prospérer après 1930, et, cette fois ci, c'est vers le jazz des années 60 qu'il nous entraîne !