Deuxième long-métrage de Luc Besson, Subway est un film à part, une œuvre officiant entre l'onirisme et la romance, le thriller et le burlesque. Sans réel scénario, la trame principale subsiste néanmoins, simple mais efficace. Mais là n'est pas le plus important, le plus primordial, c'est l'aspect du film, ses images, sa musique et surtout ses personnages. Des personnages colorés, atypiques, variés, immédiatement attachants, qui font du long-métrage une succession de scènes pittoresques. Christophe Lambert, parfaite représentation de la marginalité, souriant aux problèmes et amoureux fou d'un belle richissime incarnée par Isabelle Adjani, magistrale, mystérieuse et délurée (la scène du repas chez le Préfet est un moment juste jubilatoire). Les autres seconds rôles sont tout particulièrement délectables, d'un Michel Galabru hilarant, rattrapant les frasques de Jean-Pierre Bacri éreinté, grogneur, acharné à essayer de rattraper depuis des mois le Roller, un voleur sur patins à roulettes qui enchaine course-poursuites effrénées (tout simplement magnifique). Mais bien sûr, le personnage principal est le métro lui-même, véritable château souterrain, un royaume abritant ces parias, un monde sombre, lumineux et mouvementé. La musique est quant à elle omniprésente, sorte de protagoniste caché qui n'a de cesse que de rythmer le métrage brillamment réalisé par un Luc Besson de 25 ans, déjà précoce en matière de rêverie et d'histoire d'amour impossible. Un petit bijou français culte et inoubliable.