Un film tout en douceur qui agit petit à petit comme dans une thérapie de regression pour que les fantômes qui hantent le protagoniste soient en paix. C'est très poignant, en particulier grace à la musique apaisante qui est constamment en arrière plan et aux belles couleurs des images (enfin un film qui n'est pas tout gris et sombre!).
"The power of love. A force from above. Cleaning my soul" (Frankie goes to Hollywood). A quel temps se décline Sans jamais nous connaître, adapté d'un roman japonais ? Quelque part entre le futur antérieur, le présent et finalement le passé au plus qu'imparfait, dans un No Time's Land, où les fantômes sont palpables. Andrew Haigh, le réalisateur du magnifique 45 ans, qui a tourné dans la véritable maison où il a grandi, pour évoquer le décor de l'enfance de son personnage principal, a choisi une tour presque inoccupée pour symboliser son âge adulte, ses regrets et ses questionnements. Douces à l'image mais permanentes sont les douleurs de ce héros qui évolue entre rêve et réalité, dans un film où il est question de deuil, de famille, de solitude et d'orientations sexuelles. Le cinéaste encapsule les dérèglements d'une âme en peine, avec un minimum de moyens (4 personnages seulement) et un maximum d'inspiration dans la mise en scène. Le film n'est pourtant porté que par une série de conversations, d'une grande quiétude, qui contrastent avec l'esprit habité d'un homme jamais guéri d'un traumatisme originel. Sentimental, dans la meilleure acception du terme, Sans jamais nous connaître est un pur bonheur narratif, une splendide exploration de nos démons intérieurs, dans l'acceptation profonde que le cortège de fantômes qui accompagne chacun d'entre nous, s'il nous effraie, aide aussi à vivre.
Un exercice poignant et profondément mélancolique sur la tentative de relier le passé au présent, une enquête cosmique pour résoudre tout ce qui n'a jamais été dit à travers des deuxièmes chances qui n'ont jamais eu lieu. Une quête d'acceptation et de sens avec laquelle il est difficile de ne pas s'identifier en tant que membre de la communauté LGBTQ .