Animal, le second long-métrage de la cinéaste grecque Sofia Exarchou, se situe dans la même veine que son premier, Park, à savoir une fiction désenchantée, parfois proche du documentaire, qui attache moins d'importance à une structure narrative qu'à une atmosphère, qui n'engendre pas la gaieté, est-ce utile de le préciser ? Animal trace le portrait de Kalia, animatrice/danseuse/chanteuse et de ses collègues lors de la saison estivale, dans un hôtel situé sur une île grecque. C'est l'industrie du tourisme de masse et du divertissement obligatoire, qui en prend pour son grade, à travers le travail de forçat de ses acteurs qui font semblant d'y croire, et noient leur mélancolie dans l'alcool, une fois les projecteurs éteints. L'ambiance rappelle vaguement celle de Suntan, autre film grec, et de Rimini, mais sans le degré de provocation d'Ulrich Seidl. Sofia Exarchou dénonce un système (capitaliste) éprouvé qui se régénère de lui-même et qu'importe si Kalia, un jour, vient à manquer à l'appel, elle sera à coup sûr vite remplacée puisqu'elle n'est qu'un rouage de la machine. Le film se marie tellement à son sujet qu'il en devient lui-même malaisant, ce qui est sans doute son but, un brin répétitif aussi, et dont la morosité persistante finit par plomber l'attention qu'on lui porte.