Le combat de David contre Goliath, des ouvriers craignant pour leurs emplois contre Ford et ses actionnaires…
En 1973, l’usine FAI (Ford Aquitaine Industries) de Blanquefort est inaugurée et compte jusqu’à plus de 3000 salariés au plus fort de son activité. Mais au milieu des années 2000, la chute des ventes de SUV et 4X4 aux États-Unis contraint l’entreprise à se séparer de bon nombre de ses employés, envisageant même une fermeture totale de l’usine. Un plan de reprise voit le jour en 2011 avec l’arrivée de HZ Holding, un groupe allemand spécialisé dans la fabrication d'éoliennes, mais le projet échoue, contraignant Ford à reprendre la main. Malgré une reprise de l’activité, l’usine ne s’en sort toujours pas et le constructeur automobile américain est bien décidé à arrêter les frais. Début 2018, on dénombre moins de 900 salariés et Ford prévoit la mort de son usine pour 2019. Branle-bas de combat en interne, les salariés & syndicalistes se mobilisent pour sauver leur usine et leurs emplois. Un nouveau plan de reprise voit le jour, avec l’arrivée de Punch Powerglide, un groupe belge spécialisé dans les boîtes de vitesses. Mais à nouveau cette issue s’avère incertaine pour les salariés, car ni l’État et encore moins Ford ne semblent vouloir lever le petit doigt et éviter la casse sociale.
Il nous reste la colère (2022) est une immersion en plein cœur du combat social, pendant 4 ans, Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert ont suivis caméra au poing les salariés de Ford, accompagnés de leurs syndicalistes, avec Philippe Poutou en tête de proue (ce dernier était l'un des responsables de la section syndicale de la CGT de l’usine Ford). Le film met en lumière tout le travail et l’acharnement des syndicalistes, face à la direction de Ford (qui restera muet, dans l’ombre durant tout le film) et surtout, face au silence assourdissant de l’État ou à l’impuissance de Bruno Le Maire (ministre de l'Économie et des Finances) ou pire encore, face à Punch Powerglide, qui rogne sur tout ce qu’ils peuvent (les emplois, les salaires, les acquis sociaux, …).
Une lutte sociale & syndicale sur fond de capitalisme sanguinaire, des responsables politiques aux abonnés absents en passant par cette résilience sans faille de ces salariés qui pendant toutes ces années se seront battus sans obtenir gain de cause. Le Pot de terre et le Pot de fer, un combat inégal et qui peut sembler perdu d’avance. Un documentaire qui nous montre une fois de plus la pugnacité des ouvriers, dans la même lignée que ne l’étaient déjà d’autres documentaires tels que Les Lip, l'imagination au pouvoir (2007) de Christian Rouaud ou encore La Saga des Conti (2013) de Jérôme Palteau.
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