Pour paraphraser Gide, on ne fait pas de bon cinéma avec des bons sentiments… Benoit Cohen aurait dû y penser. "Ma France à Moi" nous décrit une situation, et une attitude, exemplaires, mais le film est malaisant parce qu'il y manque l'essentiel: la dramaturgie. Impossible, à mon avis, de m'intéresser à cette femme interprétée par Fanny Ardent, qui fait ses prouts dans la soie, parce que sa psychologie, sa personnalité, son drame intérieur, sont totalement absents du films. A peine un porte-perfusion caché derrière un rideau. Ok c'est vachement symbolique, mais le reste ne l'est pas: son égoïsme, son décalage social, son côté "hors sol" comme on dit, ne sont pas symboliques: on les prend en pleine face à longueur de film. Au point que lorsqu'il change de point de vue (gros problème de point de vue dans ce film!) et s'intéresse enfin, un peu, au personnage de Réza, on respire! Pourquoi ne pas nous avoir fait vivre, visuellement, le drame de l'héroïne (si tant est que ce soit elle l'héroïne)? Pourquoi ne pas nous avoir montré la souffrance causée
par la perte de son mari?
et par
le départ de son fils?
? Pourquoi avoir écrit et réalisé ce film comme si nous autres, spectateurs, en connaissions parfaitement les prémisses? Comme si nous avions lu le livre, ou fréquenté la famille du réalisateur? On regarde donc un film qui ne nous raconte que la moitié d'une histoire, et c'est frustrant, et vraiment malaisant… Du coup, on peine à lui donner un bon point!