Miséricorde bénéficie d’un excellent bouche-à-oreille. Cela fait donc un moment que je comptais le voir, par simple curiosité. Mais lorsque Les Cahiers du Cinéma l’ont placé en première place de leur top 2024, je me suis dit qu’il fallait absolument que je le voie.
C’est en effet un film qui dispose de qualités réelles. Sous ses atours de téléfilm pour France 2, il est relativement sophistiqué, notamment au niveau du scénario. Le désir est au cœur du récit, dont le personnage principal, Jérémie, se fait le vecteur. En cela, on peut établir un parallèle direct avec Théorème de Pasolini, avec ce même personnage central qui bouleverse l’existence des personnes qu’il rencontre et avec qui il couche.
Plus que le désir, c’est avant tout le désir homosexuel qui est convoqué, chaque personnage masculin en incarnant une facette : désir brutal et refoulé, désir patient et discret, absence de désir homosexuel et surprise quand il surgit chez l’autre…
Guiraudie se plaît également à lancer un certain nombre de pistes, à les déjouer et à nous surprendre. Il se joue des clichés du (télé)film policier se déroulant dans la France rurale, pour livrer une œuvre ludique, presque méta, assez réjouissante. Il livre aussi une réflexion sur la notion de miséricorde qui ne manque pas d’intérêt.
Malgré tout, je n’ai pas été emballé plus que ça par ce film, et je suis très étonné que Les Cahiers l’aient choisi comme meilleur film de 2024. Même si cette année a été moins riche que la précédente, un certain nombre d’autre films se sont révélés bien plus stimulants et réussis que celui-ci. Dès lors que le désir homosexuel n’est pas quelque chose qui nous intéresse spécialement, il n’y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent… Je reste donc très mesuré face à ce film qui me semble surestimé, même s’il apporte sa petite pierre à l’édifice cinématographique.