À la suite d'un braquage ayant mal tourné, des malfaiteurs prennent une jeune femme en otage pour prendre la fuite en voiture.
En tentant d'échapper à un contrôle routier, tous échouent dans un ranch isolé qui va leur réserver quelques mauvaises surprises...
... et donc une inévitable "Nuit en Enfer" vu que "Le Prix à Payer" reprend quasiment le même concours de circonstances de base pour laisser ses braqueurs et leur victime aux mains d'une menace qui les dépasse (le Titty Twister laisse ici sa place à une ferme au milieu de nulle part). Et, si vous avez encore le moindre doute sur cette comparaison, le tandem Stephen Dorff/Emile Hirsch pris en flagrant délit d'imitation gênante du duo criminel culte composé par George Clooney et Quentin Tarantino devrait achever de vous convaincre (d'autant plus que Hirsch semble avoir piquer les lunettes du personnage de Tarantino pour le singer très maladroitement).
Mais, bon sang, qu'a-t-il donc pu arriver à Ryūhei Kitamura, réalisateur japonais expatrié dans le cinéma de genre US et qui en était devenu un des plus sympathiques trublions étrangers en l'espace de trois films ("Midnight Meat Train", "No One Lives" et "Downrange") ?
Certes, voir dernièrement son nom à la tête de l'infâme "Doorman" nous avait déjà beaucoup attristé mais restait l'espoir d'une simple erreur de parcours. Puis vient aujourd'hui "Le Prix à Payer", long-métrage bâtard allant du thriller pour plonger dans la plus pure horreur du survival et, qui sait, signifiant peut-être un retour du metteur en scène à son meilleur dans son registre de prédilection ? Manqué, "Le Prix à Payer" confirme que Ryūhei Kitamura est en pleine chute libre.
Resucée aussi cheap qu'insignifiante de l'arroseur arrosé façon petits criminels dévorés par un plus gros poisson, le film lâche ses protagonistes dans sa ferme de l'horreur pour un pêle-mêle de situations fatiguées avant même de débuter, d'échanges d'une platitude à faire blémir un scénariste de série Z et de personnages si faiblement écrits et interprétés que l'on en vient vraiment à prendre le parti meurtrier de leurs assaillants afin de voir s'ils ne sont pas littéralement creux à l'intérieur (les quelques giclées de sang en grande partie numérique en deviennent la confirmation involontaire).
On pouvait également espérer que Ryūhei Kitamura sorte de sa torpeur une fois activé le mode horreur de "Le Prix à Payer", pas de bol, les rares tentatives du réalisateur pour rappeler sa patte se résumeront à un ou deux néons disséminées dans quelques décors et de rares soubresauts visuels n'apportant aucune valeur ajoutée à un long-métrage déjà condamné à un oubli confondant par le pilotage automatique soporifique qu'il choisit sciemment de s'appliquer à suivre.
À l'image de leurs victimes juste bonnes à souffrir et à débiter des banalités, les bourreaux se cantonneront à un trio de fades figures stéréotypées où, entre un dominant âgé préférant déblatérer de vains discours réac' au lieu d'agir et un jeune sbire passif synonyme de recours facile, seule l'émergence d'un antagoniste féminin, de type colosse à la Leatherface (quelqu'un pour une comédie romantique entre elle et ce dernier ?), provoquera un soupçon d'intérêt chez le spectateur. Comme conscient d'avoir trouvé là sa seule singularité, le film lui laissera d'ailleurs le devant de la scène au sein d'un final qui réussira tout de même à être un peu moins médiocre que le reste mais sans rien délivrer de marquant pour autant.
Bref, le prix à payer de ce décalque DTV et sans âme d'autres titres bien plus recommandables reste le fait de s'infliger ce long-métrage en lui-même. Le temps où le nom de Ryūhei Kitamura rimait avec une sympathique série B n'ayant aucun mal à sortir du lot semble désormais bel et bien appartenir au passé. Quel gâchis !