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    Rosalie
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Rosalie" et de son tournage !

    Une figure féminine réelle

    Après Loïe Fuller dans La Danseuse, Stéphanie Di Giusto s'intéresse à une autre femme hors du commun : Clémentine Delait, une femme à barbe qui connut la célébrité au début du XXème siècle. Pour autant, la cinéaste ne voulait pas faire un biopic : "Je savais qu’elle avait refusé de devenir un banal phénomène de foire mais avait au contraire voulu être « dans la vie », avoir une vie de femme. Je me suis intéressée à d’autres femmes atteintes d’hirsutisme (c’est le nom scientifique de ce trouble) [...]. Après une longue recherche, je n’ai voulu garder de la véritable histoire de ces femmes que ce qui me touchait."

    Une histoire d'amour inconditionnel

    Plus que le parcours de Clémentine Delait, la vraie femme à barbe qui a inspiré Rosalie, la réalisatrice voulait explorer les sentiments, le désir et un amour inconditionnel. "Il y a une émotion à la fois pudique et violente dans le destin amoureux d’un être aussi singulier... la banale romance n’est pas pour elle. Elle n’en a pas envie, elle n’en a pas le droit. Quand on est un être « à part » comme elle, l’amour devient beaucoup plus que l’amour... Rosalie questionne l’humanité."

    Tout un cirque

    La plupart des femmes atteintes d'hirsutisme étaient réduites au statut de monstres de foire. Stéphanie Di Giusto a choisi de ne pas représenter Rosalie dans une foire, un cirque ou un bordel : "Je voulais éviter ce surréalisme épique. Je trouvais ça plus original de confronter Rosalie tout simplement à l’amour avec sincérité et humilité, chercher une vérité des sentiments, enlever toute artificialité au récit, y croire. Je voulais, que l’histoire paraisse tellement vraie qu’elle en devienne une fable, l’histoire unique de Rosalie. Le seul moment surréaliste du film c’est quand justement elle se met à rêver d’un destin auquel elle veut échapper. Rosalie se bat pour rester elle-même malgré les autres."

    Une préparation au poil

    La réalisatrice ne voulait pas tricher et poser un simple postiche sur le corps de l'interprète de Rosalie. Ainsi, tous les matins, chaque poil était collé un par un sur le corps de Nadia Tereszkiewicz. Stéphanie Di Giusto souligne : "L’idée était de créer une « seconde peau » que l’actrice enfilait tous les jours. Il fallait y croire. J’ai travaillé le corps de Rosalie comme une sculpture à la fois étrange et désirable."

    Cette préparation nécessitait au quotidien près de cinq heures pour la comédienne : deux pour la pose des poils, une pour la coiffure, une autre pour le maquillage, et quarante minutes pour enfiler le corset. Elle se levait à quatre heures du matin : "C’était comme une sorte de rituel, long et fastidieux, mais j’avais besoin de ce temps-là pour rentrer dans le personnage : Rosalie ne pouvait pas exister avant que je sois complètement prête."

    Retrouvailles

    Rosalie offre à Nadia Tereszkiewicz l'opportunité de retrouver Stéphanie Di Giusto, qui lui avait offert son premier rôle, une apparition dans La Danseuse en 2016. Alors que la cinéaste avait du mal à trouver l'interprète de Rosalie, elle a croisé par hasard l'actrice dans la rue et lui a proposé de passer des essais. Elle se souvient : "Quand elle est venue au casting, c’est une des rares actrices qui n’a pas eu peur, qui n’a pas eu de « coquetterie d’actrice », ce que l’on peut comprendre quand il s’agit de jouer une femme à barbe... La plupart se regardaient tout le temps dans le miroir, désemparées, d’autres se grattaient en permanence... Mais Nadia a tout de suite fait corps avec cette barbe. Il y a eu une évidence charnelle." Elle ajoute : "Son passé de danseuse l’a faite beaucoup souffrir, son corps a été jugé en permanence, ne répondant pas forcément aux critères de la danse classique. Elle a cette force mais elle a aussi la fragilité que j’attendais."

    Un tournage dans l'ordre chronologique

    La réalisatrice a tenu à ce que Rosalie soit tourné dans l'ordre chronologique, et a veillé à ce que Benoît Magimel et Nadia Tereszkiewicz ne se croisent pas avant le tournage et se découvrent au fur et à mesure, à l'instar de leurs personnages. La comédienne raconte : "Je ne connaissais pas Benoît avant le film [...]. Au début, et parce que lui aime travailler dans une forme d’ «Actors Studio » qui réduit la frontière entre réalité et fiction, l’atmosphère et les situations qu’il créait engendraient un mystère et une certaine tension entre nos personnages. Cela décuplait les efforts que je faisais, en même temps que Rosalie, pour tenter d’attirer son attention, essayer de lui plaire. Si je me suis sentie un peu rejetée pendant cette première partie du film, j’ai compris plus tard qu’il m’avait fait un formidable cadeau."

    Son partenaire de jeu renchérit : "Je crois qu’elle cherchait quelque chose de brutal avec Abel. Elle était tellement investie que je voyais à quel point elle était parfois meurtrie – et même anéantie sur le plateau. Elle m’a dit plus tard qu’elle ne se supportait pas. Je m’en rendais compte : elle était toujours gênée. Jusqu’au moment où Rosalie, son personnage, ne se cache plus."

    Le décor

    Le film a été tourné dans une ancienne forge au centre de la Bretagne, "un village entier, isolé, vide, bien entretenu par ses propriétaires depuis la fin du XIXe siècle. Sans ce décor naturel, il n’y aurait pas eu de film. Je n’avais pas les moyens de construire un tel décor", précise la réalisatrice. Chaque jour, les figurants étaient les mêmes afin de recréer un microcosme le plus réaliste possible autour des acteurs principaux.

    En immersion totale

    Stéphanie Di Giusto et Nadia Tereszkiewicz ont vécu ensemble sur le décor durant le tournage. Benoît Magimel se souvient : "Quand on tournait, je [...] voyais [Stéphanie] monter les escaliers qui menaient aux forges, souvent avec Nadia - elles y vivaient toutes les deux dans des conditions terribles - et je me moquais d’elle. Je lui disais : 'Mais pourquoi t’épuises-tu à vivre là-bas ?' Elle était imprégnée par son film et cherchait toujours à sublimer quelque chose."

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