Conflit intérieur
La 1ère expérience de Gad Elmaleh derrière la caméra s’était soldée par un flop retentissant avec Coco, en 2008. Pour ces nouvelles 90 minutes, il délaisse la comédie pure pour intégrer du drame et de l’intimiste mais, à mon avis, il rate sa cible. Après trois années à vivre l’«American Dream» Gad Elmaleh décide de rentrer en France. Sa famille et ses amis lui manquent. Du moins, c’est la réponse officielle pour justifier son retour… car Gad n’est pas (seulement) rentré pour le couscous de sa mère. Non, c’est une autre femme qu’il vient retrouver à Paris… la Vierge Marie. Ça se voulait ouvertement œcuménique, hélas, sa démonstration tourne court et joue même contre lui. A vous de juger.
Né de parents juifs, Gad Elmaleh a eu une éducation talmudique. Dans ce film très personnel, il raconte sa conversion au catholicisme, conscient d'aborder un sujet ô combien épineux, au point d’y aller sur la pointe des pieds, avec toute la modestie qui s’impose. Il joue avec le feu, avec des notions sensibles comme le sacré, l’idolâtrie, la passion, la tentation. Parler de sa fascination pour Marie, d’une certaine manière, c’est un jeu interdit, le péché ultime, l’idolâtrie… Il tenait visiblement à faire tomber le masque et raconter ses doutes existentiels, et son véritable amour pour les religions avec une folle envie de ne plus se cacher sous des artifices. Il a voulu réaliser une sorte de journal intime, mais n’est pas Nanni Moretti qui veut. Car ici, malgré les très bonnes intentions, le film se résume à une suite de caricatures assez grossières. Les cathos ouverts, souriants, répandant le bien autour d’eux d’une part et, d’autre part, les juifs sectaires, pétris de certitude et de supériorité, empêtrés dans la tradition immuable et la superstition la plus aveugle. Dommage, car l’ambition était aussi belle que louable.
Gad Elmaleh a dirigé ses propres parents, Régine Elmaleh, David Elmaleh, Judith Elmaleh, en leur évoquant un film sur la crise de la cinquantaine, sans trop rentrer dans les détails afin de capter leur surprise, leur trouble et de conserver leur spontanéité. Si tous les dialogues étaient écrits dans le scénario, il ne leur a pas donné de texte à apprendre. En plus de ses parents et ses potes – dont Roschdy Zem, Gad Elmaleh a fait appel à des personnalités qui ne sont pas des comédiens professionnels, comme le philosophe Frédéric Lenoir, le Père Barthélémy, Sœur Catherine, l'écrivaine et femme rabbin Delphine Horvilleur et Pierre-Henri Salfaty, professeur de talmud… Pour le reste, beaucoup de tendresse et de drôlerie pour un film sympathique mais qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions