Iron Claw, bien loin des préjugés et apriori initiaux, n’est pas une œuvre centrée sur l'univers du catch, mais une exploration profonde et nuancée de la fraternité, mise à mal par la figure d'un père destructeur, dont les ambitions personnelles inassouvies se transforment en une quête vicieuse de succès à travers ses fils. Et d’une mère qui, face à son propre désarroi, se tourne vers la foi religieuse, laissant ses enfants en proie à une pression insupportable.
Finalement, cette œuvre n'utilise le catch que comme toile de fond (le sport reste présent tout au long du film), illustrant le fardeau écrasant que le patriarche impose à ses fils, contraints de s'épuiser sous le poids d'attentes démesurées et d'une pression psychologique mortelle.
Le réalisateur canadien Sean Durkin, nous immerge dans cet univers du catch des années 80, tout en dépeignant avec acuité les sacrifices inhérents à une vie de sportifs de haut niveau.
La mise en scène est remarquable, notamment à travers des séquences de lutte captivantes, d’un plan séquence sublime
précédant l'entrée sur le ring
, sans oublier la très bonne séquence de début en noir et blanc
centrée sur le père.
La reconstitution de l'époque, des tenues aux décors, en passant par la bande-son, nous enveloppe d'une aura de nostalgie, rendant hommage à cette période avec une précision et une affection palpables.
Zac Efron, dans le rôle du second fils devenue ainé des Von Erich, révèle une performance d'acteur d'une rare intensité, au travers d’un spectre émotionnel large, de la mélancolie à la rage. Efron confirme l'étendue de son talent, bien au-delà de l'image réductrice d'icône physique à laquelle il fut longtemps associé. Sa prestation, digne d'une reconnaissance aux Oscars, soulève des interrogations quant aux raisons de son omission : calendrier de sortie malencontreux ou omission délibérée…?
L'engagement physique d'Efron pour le rôle de Kevin Von Erich, offre un portrait brut et sans fard d'un homme loin de toute glorification esthétique, au physique de bodybuilder sur-gonflé et profondément disgracieux.
Au travers de ce rôle, l'occasion était trop belle pour l'acteur de se moquer et de critiquer Hollywood. C’est peut-être aussi, une introspection personnelle de l'acteur, sur les dangereuses aspirations à l'excellence physique que les standards hollywoodiens toxiques lui ont été imposés à la période ou l'acteur n'était reconnu uniquement pour son physique (Baywatch et compagnie…), et qui ont profondément attenté à sa santé physique et mentale.
En définitive, Iron Claw se positionne ainsi comme une œuvre majeure, touchant avec justesse à la fois au drame familial et au biopic. La subtilité de sa mise en scène et de son écriture, enrichissant chaque personnage, confère au film une dimension à la fois émouvante et révoltante. Une réussite cinématographique qui, au-delà de son récit, interpelle sur les dérives et les sacrifices exigés par la quête de gloire.