Les Feuilles mortes
Note moyenne
3,7
2512 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
Votre avis sur Les Feuilles mortes ?

210 critiques spectateurs

5
21 critiques
4
73 critiques
3
64 critiques
2
34 critiques
1
12 critiques
0
6 critiques
Trier par :
Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
Eleni
Eleni

15 abonnés 72 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 23 septembre 2023
Du Kaurismäki pur jus, avec un merveilleux mélange de noirceur et de poésie, de pessimisme et de drôlerie. Les personnages, un peu décalés comme toujours, sont touchants, plein de dignité. On s'y attache, ils nous attendrissent et nous font du bien, même si leur vie n'est pas toujours rose. Quel cinéaste, qui sait parfaitement jouer de l'ellipse et de l'intemporalité !
Jean-luc G
Jean-luc G

70 abonnés 786 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 23 septembre 2023
Avec la chute des feuilles revient l'automne? Certains préféreront les promesses du printemps, ou la chaleur langoureuse des soirées d'été. Kaurismaki certainement pas. Son récit poétique autour des gens démunis et noyant dans l'alcool la tristesse des jobs minables, n'a d'égal que son pessimisme personnel qui l'amène à penser que l'homme est et restera l'artisan de ses propres malheurs. Et pourtant, pendant qu'une antique radio des années 50 distille les derniers infos concernant l'anéantissement sous les bombes russes de Marioupol, on se prend à aimer le gauche baller de ces amoureux taiseux et timides qui finiront par surmonter les malheurs du hasard et la nécessité. Une dernière image inspirée de Chaplin vous laissera pensif et attendri. Amateurs d'action, de films militants ou de considérations philosophiques, passez votre chemin, vous n'auriez pas envie de ramasser ces feuilles mortes. Et pourtant, elles deviendront le terreau de l'an prochain. Ne loupez pas les rares sourires de Ansa et Holappa, ils viennent illuminer une vie finlandaise déprimante. Cinéma - septembre 2023
Jipéhel
Jipéhel

33 abonnés 195 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 23 septembre 2023
Tragi-comédie

Le finlandais Aki Kaurismäki fait partie des plus grands. Ce ne sont pas ces 81 trop courtes minutes qui me démentiront. Son Grand Prix du jury à Cannes non plus. Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Mais la vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur. Minimaliste jusqu’à l’épure, un moment de cinéma qui nous parle de solitude et de tendresse refoulée, dans un monde près de basculer dans la guerre. L’éclatante démonstration d’un immense talent, qui plonge ses personnages dans un monde à la Hopper, filmé par un Chaplin des grandes années.
Kaurismäki aurait pu se contenter de nous raconter un coup de foudre et ses épisodes plus ou moins chaotiques, ses avancées, ses reculs, ses balbutiements et faire ainsi de sa romance un film banal. Mais voilà le maître finlandais, sans avoir l’air d’y toucher, va toujours plus loin que les autres et fait de son film une ode à l’amour dans un monde en guerre. C’est l’histoire d’un couple habitué à la solitude et qui dissimule son mal-être derrière un cynisme de chaque instant. Le cinéaste interroge la fureur d’un monde qui l’effraie. Pour appuyer son discours, Kaurismäki fait allusion – plus ou moins directement – à des classiques du cinéma comme The Dead don’t die de Jarmush, ou encore Pierrot le fou de Godard, Journal d’un curé de campagne de Bresson jusqu’à l’ultime plan de ces trop courtes 81 minutes digne du meilleur Charlie Chaplin. Mais, oser un tel film, dans le paysage cinématographique du moment, en fait un OVNI douloureux comme un cri du cœur doublé d’une lueur d’espoir dans l’Homme. Une merveille !
Le duo central est admirable campé par Alma Pöyst et Jussi Vatanen, timides, maladroits et tellement touchants. Janne Hyytiäinen et Nuppu Koivu leur donne la réplique avec bonheur. Il n’y a ici ni inconscient à analyser, ni thèse à développer jusqu’à plus soif, mais se contenter à aller dans les détails pour comprendre où se niche l’émotion. A chaque plan au cordeau, - avec ce suprême raffinement de faire vivre ses héros dans des décors vintage avec, en fond sonore, les dernières infos de la guerre en Ukraine -, le style Kaurismäki saute aux yeux pour sublimer cette fable chaleureuse belle à pleurer… de joie.
islander29
islander29

890 abonnés 2 392 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 23 septembre 2023
Il y a de la magie et de l'émotion chez Kaurismaki, Du génie aussi à la Chaplin, auquel il adresse des clins d'œil...Quel régal romantique son nouveau film????Des couleurs à la Edward Hopper, de la musique à la Tchaikovsy, des textes de chanson qui vont à l'essentiel et remue le cœur dans tous les sens, les aficionados, dont je fais partie , ne seront pas déçu par ce nouvel opus, fulgurant, pictural, et qui ne voit les autres qu'avec humanité et conscience.....C'est du cinéma de haute volée, inqualifiable en un seul mot précipitez vous....chef d'œuvre !!!
BLS Moviedebrief
BLS Moviedebrief

18 abonnés 157 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 7 octobre 2023
"Prix du Jury à Cannes 2023
Vu à Deauville dans le cadre du Festival du film américain qui montre les films primés à Cannes
On a là un vrai film de cinéma, où chaque image est léchée, ou un tas de référence à d'autres films apparaissent. Si les personnages sont un peu ""joués"", on est embarqué dans l'histoire de ce couple plutôt taiseux , pauvre mais toujours soignés, que le sort semble s'acharner à éloigner. Tout cela sur fond de guerre en Ukraine

Pourquoi Y Aller
Pour la poésie de ce mélange de désespoir et d'humour, on aime suivre ces deux-là qui avancent courageusement dans leur vie malgré leur difficultés
Pour la qualité de l'image
La musique, parfois kitsch, est elle aussi très réussie

Pourquoi Ne PAs Y Aller
On peut passer à côté de l'histoire et s'ennuyer si l'on ne s'immerge pas dans cet univers de Kaurismäki
Audrey L
Audrey L

661 abonnés 2 597 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 23 septembre 2023
Automne en emporte le vent... Comme une feuille orangée qui refuse de se poser sur le sol froid et mouillé, on suit avec un regard nostalgique et poétique la course de ce couple qui se tourne autour, manque de s'aimer, s'éloigne peut-être pour toujours dans leur morne quotidien... Kaurismaki, à l'entendre, ne trouve pas qu'il s'agit d'un très bon film dans sa filmographie, et on est très heureux de découvrir qu'on n'est pas d'accord. Avec des personnages qui sont malheureux dans un monde qui ne leur correspond pas et sublimés par une photographie qui tape dans l'oeil à chaque plan (peu de profondeur de champ, un jeu de couleurs sur les verts, les ocres, les marrons... c'est l'automne !), Les Feuilles Mortes semble parfois un lointain neveu dépressif (mais qui veut absolument s'en sortir, là est tout l'intérêt) d'un excellent Jacques Tati. On attend avec douceur que ces deux personnes finissent ensemble, on lâche un "oh non !" spoiler: quand le papier avec les coordonnées de la Dame tombe de la poche du Mister, on arrête carrément de respirer quand, en une fraction de seconde dans ce qui semblait être une happy-end niaise, l'homme se fait renverser violemment...
On a cru regonfler un bateau pneumatique entier lorsqu'on a enfin repris notre souffle en voyant qu'il allait bien. On était dedans, pour de bon, et si d'aventure une scène dure un peu trop longtemps, vous avez cette BO incroyable à écouter (on essaie de "shazamer" sous notre veste), vous avez ces constructions de plans ultra intelligentes (vous ne savez pas qui des deux est prêt à s'engager : regardez sur le canapé, qui est du côté de la lampe allumée, et qui est nerveux à côté de celle qui reste éteinte...). Le binôme d'acteurs a de bonnes têtes de "Tout-le-Monde", ce qui accentue fortement notre identification à ces personnages jamais complètement niais, mais qui font preuve d'une tendresse contagieuse. Allez, on vous achève en vous disant que, parmi tous les blockbusters de plus de 2h, celui-ci ne fait que 1h20 tout mouillé. Comme un petit bonbon acidulé qui pique au début (avec sa mise en scène très étonnante, ses personnages tristes, son humour pince-sans-rire qu'on croise peu souvent...), Les Feuilles Mortes révèle très vite un coeur tendre qui fait vraiment du bien. Est-ce qu'au fond, les feuilles ne meurent pas juste pour faire vivre la mélancolie poétique de quelques poètes transis... En tout cas, elles ont inspiré à Kaurismaki un petit bijou, à ne pas rater.
Frédérique C
Frédérique C

7 abonnés 23 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 23 septembre 2023
un écrin de mélancolie et de désespoir, plutôt pour moi...
un bon film mais à voir un jour sans déprime...
David-Hervé BOUTIN
David-Hervé BOUTIN

1 critique Suivre son activité

0,5
Publiée le 23 septembre 2023
Un film des plus banals , vu et revu 10 fois , déprimant , glauque .. les références (visuelles) à la Godard ou Truffaut lui auront sans doute valu un prix du jury .. allez y en forme en tout cas si vous devez le voir ... rien de plus à dire ....................,..,,,,..
MatTh
MatTh

25 abonnés 8 critiques Suivre son activité

1,0
Publiée le 23 septembre 2023
Long lent sans intérêt sans histoire , le festival de cannes doit se poser les bonnes questions quel ennui
brunocinoche
brunocinoche

100 abonnés 1 112 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 22 septembre 2023
Aucun doute possible, nous sommes bien dans un film d'Aki Kaurismaki. On y retrouve son univers, son goût pour les héros du quotidien aux destins peu réjouissants et pourtant toujours porteur d'un certain espoir. On retrouve aussi le goût pour la musique, d'une autre époque, d'un autre pays et qui collent parfaitement à l'univers du cinéaste. Destins croisés, destins perturbés par les aléas de la vie, Kaurismaki semble tourner le même film depuis des années et malgré cela, continue à nous séduire et à rendre ses personnages attachants. Les personnages des "feuilles mortes" n'échappent pas à cette règle. De plus, les cinéphiles apprécieront les nombreux clins d'œil cinématographiques éparpillés le long du film, nous réservant le plus beau d'entre eux pour la fin.
Ninideslaux
Ninideslaux

86 abonnés 246 critiques Suivre son activité

2,0
Publiée le 22 septembre 2023

          Je n'ai, à dire vrai, jamais trouvé le moindre charme aux films d'Aki Kaurismäki. Chez moi, ils n'impriment pas. Il n'en reste rien. Je crois que cet essai pour m'y mettre sera le dernier.
        Elle (Alma Pöysti) est sans intérêt, mais courageuse; elle enchaine les moches boulots. Il (Jussi Vatanen) est sans intérêt, mais alcoolique; il se fait jeter de partout. Ils se rencontrent, que pensez vous qu'il arriva? Rien, à mon avis, pendant la majeure partie du film, ils sont assis l'un à côté de l'autre en regardant dans le vide, mais j'ai dormi et ne peut donc en être sûre... Ce qui est certain, c'est que le film est boycotté par les fabricants de somnifère. Une séance vaut un tube de lexomyl....
        Ce que je suppose, par contre, c'est que le film a été subventionné par la Russie, ou n'importe quel pays qui déteste la Finlande. Car l'image qu'il donne de ce pays est terrifiante. Les bars sont lugubres. Les karaokés sinistres. Personne ne bouge, personne ne rit. Personne même ne se risquerait à sourire! Bon, je n'ai pas personnellement une pratique approfondie de la Finlande, mais ce n'est pas du tout l'impression que j'en ai eu, j'y ai vu des gens aimables et plutôt beaux dans l'ensemble.... Pour ajouter à la gaité ambiante, comme le film est contemporain, dès qu'Ansa ouvre la radio, c'est pour entendre les terribles nouvelles de la guerre en Ukraine....
          Et surtout, alors que la Finlande, comme les autres pays nordiques, passe pour un modèle de démocratie jouissant d'une politique sociale de haut niveau, on y apprend que les travailleurs peuvent être jetés dehors en moins d'une minute par un vague chef de rayon -ils n'ont donc pas de contrat de travail? Pas d'indemnité de licenciement? Ansa est mise dehors sans ménagement parce qu'elle a pris avec elle un surgelé périmé au lieu de le jeter à la poubelle! Parce que dans ce pays à la pointe de l'écologie, on jette à la poubelle des quantités d'articles sans possibilité de les donner? Bref, vous m'avez comprise, en plus d'être ennuyeux, c'est idiot.

JB D
JB D

8 abonnés 34 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 22 septembre 2023
Ah! Qu’il est beau et bon de voir un film tenir dans la paume d’une main, simple comme un mot d’amour, d’une petite heure et ses vingt minutes qui suffisent à tout dire par la simplicité.

Comme toujours chez Kaurismäki, le regard est du côté des ouvriers, et son cinéma plus que jamais s’incarne dans les deux plus belles choses qui puissent être filmées : le travail manuel, c’est-à-dire le corps politique, et les regards, qui sont l’âme poétique. Film de yeux et de mains! secrètement bressonnien, œuvre désespérée mais dont le cœur est gardé chaud, illuminé d’êtres humains, de choix, d’actions minimes mais fondamentales : arrêter de boire pour se montrer à la hauteur, se dénoncer, essayer d’avancer, donner des signes, aimer l’inconnu(e), échouer, recommencer.

Il suffit d’une poignée de plans comme autant de graines fertiles pour que l’image Kaurismäkienne fleurisse, verdisse. Il suffit de deux mots échappés du fond de soi (« Maudite guerre ») pour en dire plus que tous les flots et les flux de la parole. Le silence, l’immobilité, sont la condition du mouvement cinématographique dans le regard si intime qu’instaure le cinéaste finlandais auprès de ses personnages.

On a trop dit l’influence chez lui de Chaplin et de Tati mais, tout en étant maître de son style, les plans lapidaires sur une éponge, une assiette mise à la poubelle, un pavé luisant dans la nuit finlandaise, les vues d’Helsinki à l’aube, sont d’une nécessité d’eux-mêmes qui font penser à Murnau, à Renoir : rien à couper, rien à retrancher de cet opus d’une émotion inouïe, d’une timidité irrésistiblement nordique. Les plans, dans leur justesse et leur lumière intérieure, dans leur fragilité ô combien humaine, s’en vont chacun vers le suivant, comme une série de gestes amoureux, pudiquement liés entre eux - en ce sens presque japonais.

De son titre automnal, Kaurismäki promet le verdoiement à venir, et son cinéma est encore et toujours d’un équilibre intact, comme l’herbe libre qui vient germer sur les terres gelées du Nord, et qu’aucun vent ne peut fléchir.
Petitgraindesable
Petitgraindesable

21 abonnés 71 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 22 septembre 2023
Ni assez burlesque, ni assez sentimental. L'alliance affirmée des deux aurait donné un grand film. Les références cinéphiliques sont appuyées à l'excès. Déçue !
Alu-Ciné
Alu-Ciné

19 abonnés 61 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 22 septembre 2023
Une réussite dans le cadre des objectifs que le cinéaste s'est fixé : écrire-filmer une jolie histoire d'amour sur fond de guerre horrible en Ukraine tout en dénonçant la condition faite aux travailleurs que l'on appelait de "première ligne" du temps de la pandémie. Tout y est très maîtrisé : les couleurs qui crient volontairement, les plans qui s'enchaînent en de parfaits glissandi et des variations musicales qui subjuguent -ah ce groupe de jeunes finlandais et leur pop extatique-décalée, ah ce mouvement sublime de la symphonie pathétique de Tchaïkovski dirigée par Mravinski en 61, merci, j'ai noté la référence !-.
Par cet aspect musical et par cette séquence dans un cinéma où les deux protagonistes visionnent un film violent je n'ai pas pu m'empêcher de rapprocher ce film du dernier opus de Nanni Moretti : une même allégresse sur un rythme allègre dans la manière d'emporter le spectateur, ravi, dans un tourbillon. J'ai vu l'opus du cinéaste italien aussi comme un appel à résister à la laideur contemporaine. Ma dernière phrase est éminemment subjective : il me semble que l'ami finlandais est quelque peu résigné-désenchanté. C'est bien là ma seule raison de ne noter "que" 4 un travail si bien abouti.
Cinememories
Cinememories

492 abonnés 1 473 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 22 septembre 2023
Si vous avez déjà vu un film d’Aki Kaurismäki, certains vous diront que vous auriez déjà tout vu chez le cinéaste finlandais. Dans la forme ce n’est pas faux, mais dans le fond, chaque chapitre qu’il nous donne à décortiquer est une redécouverte de son art et de sa poésie. Bien sûr, on reconnaît le teint pâle d’Helsinki, une ville où les citoyens charbonnent à la tâche pour quelques miettes de pain. Ce film n’est pas si différent des autres sur ce point. Il y aborde plusieurs thématiques sociales, dont le prolétariat (Ombres au Paradis, Ariel, La Fille aux allumettes) ou l’immigration (De l’autre côté de l’espoir, Le Havre), quitte à traverser les frontières. Pour son retour à la Croisette, et avec l’aval d’un jury épris de sa tragi-comédie sociale, Kaurismäki ouvre un nouveau chapitre sur une histoire d’amour, d’une grande sincérité et d’une grande sensibilité.

La toile de fond d’une société qui tend vers le capitalisme montre une réelle bascule dans un pays en crise économique. Holappa (Jussi Vatanen) en fait les frais, malgré une certaine rigueur dans le tri des aliments ayant dépassé leur date de péremption. Tout comme ces produits invendables en supermarchés, elle est une indésirable d’une société qui grogne pour témoigner d’une hiérarchie obsolète. L’inflation s’ajoute à l’addition corsée de cette femme, qui s’efforce de trouver la sécurité de l’emploi, une utopie prise avec beaucoup d’humour et de désarroi par le cinéaste. Le temps n’est pas celui du cynisme, mais de l’amour. Il s’agit sans doute du refuge idéal pour Holappa, une citoyenne anonyme, jusqu’à ce qu’elle croise la route d’Ansa (Alma Pöysti), un ouvrier quelconque parmi tant d’autres.

Archétype de l’alcoolique chronique, qui fume clope sur clope, peut-être est-il temps pour lui de se trouver une autre addiction dans une relation sentimentale. Vivant dans une modeste colocation, il prend des airs d’un bad boy la nuit tombée. Chacun se retrouve alors pour chanter son meilleur tube mélancolique dans le pub du coin, avec une audience statique et attentive pendant chaque représentation. On y chante ses fantasmes, on devient une star et on revendique son existence à ce moment précis. Que l’on soit face à la scène ou non, on ne peut échapper aux hurlements de désespoir qui frappe chaque protagoniste. Cela justifie tous les actes illégaux que l’on observe, mais au bout du compte, il ne reste plus que l’amour et la solidarité pour s’émanciper de tout.

Avec autant d’éléments sinistres, il y aurait de quoi partir en dépression et c’est un peu ce qui transparaît en contemplant l’unique expression faciale de ce petit monde. Cela crée un décalage burlesque qui est assez ravageur, dès lors que les protagonistes sont conscients de leur statut et de leur isolement. Ce sont des morts-vivants ou bien les feuilles mortes d’un chêne au bout de croissance. Holappa a beaucoup de temps pour elle, mais peu d’argent pour combler le vide dans sa vie solitaire. On en prend pleinement conscience lorsqu’elle part faire ses courses ou qu’elle revient chez elle, avec uniquement une radio pour apporter un peu de vie à son foyer. Malheureusement, ce qu’elle a à annoncer n’est que mort et désolation. Comme pour Ansa, elle attend une révolte intérieure, un dépassement de soi, qui commence par les petites intentions, à à l’image d’une virée improvisée au cinéma, le meilleur moyen de voyager à l’autre bout du monde tout en restant collé au fond de son siège. Une insoupçonnable référence à Jim Jarmush vient d’ailleurs confirmer la pudeur de Kaurismäki, sans oublier de citer Bresson et Godard, au détour d’une petite boutade. Ce genre d’aparté montre à quel point le cinéaste finlandais peut manquer de subtilités par moments, car il croit à son public, plus futé et plus raisonnable qu’il n’y paraît.

Chaque étape de la relation est ainsi captée avec intelligence, sans que rien ne dépasse, sans que rien ne vienne déchanter ce petit espoir qui est parti de rien. Un bout de papier qui s’envole, une addiction, un accident, rien de tout ça ne peut finalement empêcher les personnages de tenir la promesse la plus folle et la plus insolite de ce conte, solaire et merveilleux. Il est donc possible d’avoir un coup de foudre sous un lied de Franz Schubert, tout en entretenant l’ivresse de l’amour. Sur ce point, Aki Kaurismäki nous apparaît beaucoup plus romantique qu’à son habitude.

En plus d’être une douce référence à la chanson éponyme écrit par Jacque Prévert et composée par Joseph Kosma, Les Feuilles Mortes est un conte d’une finesse extraordinaire. S’il n’est pas possible de s’évader au-delà des frontières d’Helsinki, il faut admettre que la grande réussite de l’œuvre réside dans son évasion, symbolique et sensorielle. Kaurismäki prouve ainsi qu’il est capable « d’offrir un avenir à l’humanité » avec une histoire d’amour qui n’a de sens que lorsque l’on renonce à sa captivité.
Les meilleurs films de tous les temps
  • Meilleurs films
  • Meilleurs films selon la presse