Deux personnages coincés quelque part avec une menace quelle qu’elle soit, on connaît la chanson. On ne peut pas dire que la proposition de base de « Fall » soit follement originale. C’est le genre de série B à concept fort qu’on voit de manière récurrente sur les écrans et dans différents films de genre qu’ils soient fantastiques, horrifique, de science-fiction ou autre. On pense bien sûr au culte « Cube » mais aussi à « Instinct de survie », « Buried » ou encore « Phone Game ». Si donc le postulat n’a rien de transcendant, c’est une tout autre histoire en ce qui concerne l’environnement et le contexte ici. En effet, les deux jeunes femmes du long-métrage, férues d’escalade interdite et improbable, vont se retrouver coincées tout en haut d’une tour de télévision désaffectée deux fois plus haute que la Tour Eiffel, qui menace de s’effondrer, sans vivres, sans réseau et en plein cagnard. Et toute la réussite du film est d’optimiser chaque possibilité de ce pitch pour mettre le spectateur en état de tension permanente et lui donner le vertige.
« Fall » risque d’être le film de trouille ultime pour tous les acrophobes de la planète tant il joue impeccablement sur la peur du vide et il n’y a qu’à voir le prologue pour s’en convaincre. Accrochés à flanc de falaise, les protagonistes grimpent à main nue une paroi et cette séquence qui donne le tournis met bien dans l’ambiance tout en mettant KO celle du même genre avec Tom Cruise dans « Mission : impossible II ». Et durant toute la durée du film, les prises de vues totalement incroyables vont s’enchaîner. Scott Mann joue parfaitement avec son unique décor (une fois les scènes de mise en place très correctes passées) et use adroitement des possibilités offertes par sa caméra entre plans en plongée, en contre-plongée ou tout autre artifice pour nous donner des sueurs froides sans avoir besoin de croque-mitaine ou de fantômes. La peur du vide et de la chute, seulement et simplement. Et comme les effets spéciaux sont irréprochables, on y croit. On ne compte pas le nombre de plans sur le vide ou l’horizon qui donnent le vertige. Même la vue sur ces plaines et le désert alentour, que ce soit au lever et coucher de soleil ou en journée, sont somptueux. Un plaisir pour les yeux, même si on se doute qu’une grande partie a été tournée en studio.
Bien sûr il y a quelques scories et « Fall » n’est pas non plus le film du siècle. Les situations sont réalistes mais le trauma du personnage principal et sa résolution en affrontant ses peurs est quelque peu cliché bien que les deux actrices soient bonnes (ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type de film). Ensuite, on sait bien que bon nombre de fous de cascades et d’exploits de l’extrême font ce genre de choses mais on trouve quand même les actions et la passion de ces deux filles un peu exagérée. Enfin, si le film prend son temps (et ne nous ennuie jamais malgré ce quasi huis-clos dans les airs de cent minutes) et une fois un rebondissement totalement inattendu passé, le final apparaît expédié à la va-vite. Comme si scénariste et réalisateur ne savaient pas comment conclure. Il n’en demeure pas moins que niveau stress, tension et séquences qui nous scotchent au siège et jouent avec notre peur du vide, on est servis. Et de mémoire, on a rarement vu mieux. « Fall » est donc une série B à high concept hautement recommandable, bien troussée et qui donne un maximum de sensations fortes. A voir absolument sur grand écran!
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