Becky is back ! Et sa rage meurtrière envers les membres de groupuscules d'extrême-droite aussi.
Quand, deux ans après les événements du premier film, un petit groupe de "Noble Men" (ils n'ont bien sûr de noble que leur nom) s'en prend violemment à sa nouvelle vie, la jeune fille retombe dans ses mauvais penchants sanguinaires... et c'est quelque part tant mieux !
Car, oui, il faut bien dire que l'on avait beaucoup aimé "Becky" premier du nom, croisement habile entre la naïveté d'un "Maman J'ai Raté l'Avion" et la violence la plus brutale d'un home invasion, où cette petite tête blonde décimait de l'évadé néonazi ayant eu la malencontreuse idée de prendre en otages les siens lors d'un séjour en forêt.
Emballant par ses effets de mise de scène et de montage en lien avec le caractère tout aussi juvénile que déterminé de son héroïne, capable d'envolées violentes jouissives et symboliquement pas si bête avec sa mystérieuse clé au centre de toutes les attentions (l'objet est toujours présent dans cette suite), "Becky" avait en plus la bonne idée de construire son sympathique jeu de massacre autour de personnages forts, à commencer par Becky elle-même et son adversaire particulièrement vicieux incarné par un Kevin James dans un rôle à dix mille lieues de ses comédies habituelles.
On n'en attendait pas forcément une suite pour autant (le film se suffisait à lui-même) mais, à l'annonce du projet, une nouvelle colère vengeresse emmenée par Lulu Wilson et ses conséquences néfastes pour ceux qui auraient le malheur de se mettre en travers de son chemin avaient de quoi attiser une certaine curiosité...
Malheureusement, s'il en reste un prolongement amusant, "The Wrath of Becky" ressemble un peu trop à un bis repetita du premier film, et ce en moins convaincant.
Si on devait en pointer du doigt la principale cause, le remplacement du duo Jonathan Milott & Cary Murnion par Matt Angel & Suzanne Coote (spécialisés dans les productions Netflix très oubliables comme "The Open House" et "Hypnotique") derrière la caméra, et ici aussi à l'écriture, serait la plus évidente par leur volonté criante de reproduire les qualités du précédent film sans en retrouver la fougue entraînante ou, du moins, de façon bien plus disséminée.
En effet, on sent que "The Wrath of Becky" a du mal à reproduire l'énergie visuelle de son prédécesseur, en se contentant seulement d'en décalquer les gimmicks de réalisation et autres effets de montage à un degré hélas toujours moindre, dans le souvenir de son modèle et sans réelle nouvelle pierre à apporter à l'édifice. C'est d'ailleurs encore plus flagrant du côté de son intrigue, aux développements beaucoup plus rudimentaires et hélas moins percutants en termes d'attaches pour les nouveaux personnages, qui devient dans le cas présent un prétexte bien trop basique pour pousser Becky dans les pattes de nouveaux mâles blancs racistes et misogynes à couper en morceaux.
À titre d'exemple, malgré certaines séquences poussant la tension en ce sens, l'aura que cette suite tente d'installer autour du personnage de Sean William Scott (pourtant plutôt bon lui aussi à contre-emploi) peine à marquer de la même manière que celle du vilain interprété par Kevin James, d'autant que le dernier acte du film la fait s'évaporer avec sa volonté affichée de tourner toujours plus en ridicule ses néandertaliens frustrés par la société (et il faut dire qu'il y a de quoi !).
Néanmoins, au-delà de ces éléments moins intéressants et plus faciles qui amènent Becky à reprendre les armes (et, cette fois, à jouer le rôle de l'agresseur dans le repère de ses adversaires), il faut bien reconnaître que cette suite assure le spectacle lorsque sa deuxième partie passe enfin aux choses sérieuses, offrant un lot de face-à-face et d'exécutions franchement très drôles pour les amateurs du genre (les ultimes sont particulièrement réussies) et quelques petites surprises plutôt bien trouvées pour mettre avec dérision un méchant coup de pied dans les valseuses de ces ennemis se parant de discours de haine pour masquer leur bêtise ou contradictions.
Plus encore, ce dernier acte repousse les limites du délire autour de Becky en la faisant parvenir à un statut inattendu lors de son épilogue, ouvrant la porte (en compagnie d'une guest) à un troisième volet au potentiel prometteur.
Mais, pour le concrétiser de la meilleure manière, il vaudrait mieux rendre les clés de l'univers et de son héroïne aux créateurs du premier volet. Espérons que ce soit le cas, Becky mérite une trilogie se concluant sur un feu d'artifice de sang et de chair à sa hauteur.