Mikado, d'Emanuel Pârvu, est à conseiller à tous les amateurs de cinéma roumain, celui de Mungiu, par exemple, par son côté implacable, dans un enchaînement de circonstances terrassant, qui peut ressembler à un exercice de style, mais qui force cependant l'admiration par sa maîtrise, son sens des ellipses et son suspense psychologique, entre autres. Le film est moins directement social que la plupart des longs-métrages roumains de la dernière décennie mais cette dimension existe, évidemment, et explique en grande partie les décisions et comportements des protagonistes de cette histoire qui enchaîne les conséquences d'une aussi banale action que la remise d'un cadeau d'anniversaire. Ce qui est appréciable, dans Mikado, est qu'aucun personnage n'est laissé de côté ou méprisé, le film expliquant avec cohérences les raisons qui les poussent à telle ou telle attitude, en fonction de chaque personnalité, et jusque dans l'excès. Les mots ont ici une grande importance, ceux que l'on dit sous le coup de la colère, par exemple, au sein d'un scénario millimétré, rehaussé par le jeu très convaincant de l'ensemble de la distribution. S'il fallait trouver un défaut à Mikado, ce serait le même que ceux de nombreux films contemporains, à savoir un dénouement très ouvert et brutal qui déçoit par un certain manque de courage, en définitive, qualité qui ne manque guère, pourtant, dans le reste de cet impressionnant Mikado.