Quand un problème devient une solution
Après les 900 000 entrées des Petites victoires, Karine Blanc et Michel Tavares se lancent à leur tour dans le genre de la comédie rurale. Mais ces 102 minutes plus dramatiques que souriantes, manquent de ce petit quelque chose qui aurait pu en faire un vrai bon film. Maire d’un petit village de montagne au pied du Mont-Blanc, Paul Barral se bat pour maintenir les commerces et préserver l’école d’une fermeture annoncée. Alors qu’il cherche désespérément comment attirer de nouvelles familles, l’arrivée de mères célibataires en situation difficile dont Joe-Lynn, chanteuse au franc-parler et ses deux enfants, va vite faire des étincelles dans ce village paisible. Non sans détermination, Monsieur Le Maire a peut-être trouvé là, une solution inédite pour ramener de la vie dans un territoire à l’abandon... C’est sympathique, empathique et généreux. La distribution est excellente mais a du mal à surnager dans cet océan de manichéisme et de clichés. Trop de bonnes intentions oserais-je dire.
Michel Tavares et Karine Blanc se sont rencontrés au cours Florent. C’est ici leur 1er long métrage qu’ils écrivent et réalisent… et qui sort sur les écrans. Raconter le quotidien d’un maire de village et de la désertification des territoires ruraux n’est pas vraiment une idée nouvelle au cinéma. Le scénario est inspiré de l’histoire vraie du maire de l’Hospitalet-près-l'Andorre qui avait revivifié son village en ouvrant un foyer pour femmes en difficultés. D’une montagne à l’autre, cette fois, le film a été tourné à Cordon, surnommé le Balcon du Mont-Blanc, à 12 km de Megève. Superbe endroit s’il en est. Bien joué, bien filmé, rythmé ce film populaire a tout pour plaire sinon que les personnages sont sans doute un poil trop caricaturaux pour ça fonctionne totalement. Cela dit, on ne s’ennuie pas et je trouve la presse – enfin les quelques critiques qui ont décidé de faire leur métier, qui consiste à voir des films, tous les films -, et beaucoup d’internautes beaucoup trop sévère avec ce bon petit film sans prétention qui ose, à nouveau poser frontalement quelques questions cruciales sur notre société et les preneurs de décisions qui la gèrent. La tendresse et l’humanisme sont au rendez-vous… et le public ?
Clovis Cornillac, toujours aussi convaincu et convaincant, a ce côté terrien et ancré qui sied parfaitement à son personnage débordant d’humanité. A ses côtés, après Le sens de la fête, Les femmes du square et En thérapie, Eye Haïdara confirme qu’elle a un sacré abattage et une présence lumineuse. Laurence Côte et Jean-Pierre Martins sont à citer dans une distribution pléthorique dans laquelle un bon nombre des habitants de Cordon font de la figuration. Un film où la morale claque comme une évidence : « l’autre » qui semble toujours sujet à problème, se révèle souvent être LA solution. A méditer !