L’injustement méconnu ‘Terrible jungle’ fut une des meilleures comédies françaises de ces dernières années, même si j’aurais du mal à vous en expliquer la raison. Il est toujours difficile de justifier pourquoi telle comédie fonctionne et telle autre pas. Pourquoi on accroche à cet humour-ci, même s’il est beauf, et pas à celui-là, même s’il est subtil...et pourquoi on accroche pas non plus à ce troisième type d’humour, alors qu’il est beauf aussi. Vu que la chute est le plus petit commun dénominateur universel de l’humour et qu’il fait rire d’un bout à l’autre de la planète, quel que soit l’âge, la culture, la religion ou le niveau social, il vaut encore mieux se dire qu’il n’y a rien expliquer et qu’aimer l’humour plouc ne fait pas plus de vous un animal que l’humour subtil ne fait de vous un être complexe et sophistiqué. Bref, j’aimais ‘Terrible jungle’ parce que son humour ne ressemblait pas à grand chose d’autre qu’à lui-même parmi les comédies hexagonales, consciemment bête, moqueur, absurde, un brin cruel, souvent même d’un “pas drôle” de surface qui permettait de le prendre au treizième degré. Jonathan Cohen y tenait d’ailleurs déjà un rôle secondaire, et ses apparitions faisaient partie des meilleures séquences du film. ‘Sentinelle’, c’est un monument établi à la gloire et l’humour décalé de Cohen. Je lis que beaucoup de gens trouvent ça nul parce qu’il n’y a pas de scénario : les gars, on s’en fout du scénario ! Cette histoire d’enlèvement par des militants anti-racistes à la Réunion est là juste pour que le machin tienne à peu près debout en un seul morceau Ce qui compte, c’est Jonathan Cohen, flic pourri et inepte, butor de compétition, paragon d’incompétence qui ne rêve qu’à sa carrière de chanteur de charme lalannesque. C’est toute l’atmosphère de connerie irrécupérable de ce One-Cohen show qui m’a séduit, bien plus qu’un gag en particulier ou une réplique ciselée…et ça, c’est parce que Cohen EST François Sentinelle comme Jean Dujardin était Hubert Bonisseur de la Bath. L’humour du second est plus fin et référentiel, certes…mais après tout, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Comment ? Jonathan Cohen ne vous fait pas rire ? Alors là, je ne peux vraiment rien faire pour vous.