Ce qui imprime tout de suite dans Distant voices est une mise en scène. Elle est glaçante, tant elle alterne avec parfois des jeux de lumières, des plans fixes, des silences, une bande originale enivrante presque comme un long cri, quelques moments de joies familiales et beaucoup de scènes sur le mode d’une véritable déferlante de violence paternelle. C’est bien sûr aussi cette séparation de la double réalité dans la temporalité de ce passé traumatique qui forge un présent tellement encore abimé. Même absent, l’abominable patriarcat est encore bien trop présent. C’est comme si Distant Voices était un film schizophrénique, au rythme de la folie du père. Il existe également des nombreux jeux de symétrie parfaite dans les plans sur notamment le positionnement des personnages, qui vient en contrepoint d’une dissociation permanente.
Distant voices est décidément en permanence coupé en deux quand on sait que le film est en fait un dytique dont une première partie (Distant voices) est tournée en 1985, puis une seconde (Still Lives) en 1987. Un père qu’il est presque déstabilisant de voir interpréter par Pete Postlethwaite, quand avant on a vu et tant aimé Au nom du père (1993) où celui dont Spielberg disait en 1997 qu’il était » le meilleur acteur du monde « , incarnait l’antithèse du personnage qu’il joue ici en termes d’une infinie bonté et d’une démonstration d’amour bouleversante pour les siens.
Distant Voices est parfois rébarbatif, mais c’est aussi une telle singularité, une profonde originalité. C’est comme un » enregistrement de la souffrance ‘ tel que le dit Terence Davies. Mélancolique et mélodramatique, une œuvre qui laisse difficilement indifférent.
Je le reconnais bien volontiers, je suis passé complètement à côté de ce film. Il était lancé depuis 20 minutes que j'avais déjà l'impression que c'était le double qui était passé (!). J'ai trouvé que le film était très appuyé et pas toujours très subtil. La mise en scène est loure en symbole (plan récurrents sur des escaliers, portes etc. pour souligner l’enfermement) et les dialogues et situations proposées assez lourdes. La narration, hypra découpée, ne permet pas vraiment de donner un souffle au récit qui apparait plus comme une mosaïque plus qu'autre chose, les scènes sont tellement courtes qu'elles ont bien du mal à donner un cadre au scénario. Beaucoup de partis pris qui ne m'ont pas convaincus mais qui témoignent au moins de l'idée de faire quelque chose d'autre, de différent. C'est déjà ça.
Reprise en salles, de ce film du realisateur anglais T.Davis de la generation de Loach et de Leigh, a la filmographie plus confidentielle mais non pas moins passionnante.
" distant voices" appartient a la partie autobiographique de la filmographie de Davies. Issu d'une famille ouvriere, dont le pere etait un tyran domestique, Davies s'est fait l'echo, toujours avec talent, de son enfance puis de sa jeunesse de la souffrance et des desequilibres qui furent les siens.
Sorte de Bergman anglais, ses films s'adressent au spectateur interesse par le cinema introspectf et psychologique.
"Distant voices" montre comment un seul etre peut vous pourrir et vous desagreger la vie. La seconde partie du titre " still lives" souligne que le bonheur est accessible, une fois les traumatismes cicatrises.
Le film pourrait etre resume par cette citation de Nietzsche " la vie est une source de joie, mais partout ou la canaille vient boire, les sources sont empoisonnees".
Quel bonheur de constater que, 20 ans après, ce film garde la même force d'émotion. Une mise en scène d'une totale élégance où les fenêtres, les portes, les cages d'escalier soulignent sans pathos l'enfermement des personnages dans des vies suspendues (Still lives). Des destins âpres où la difficulté de vivre est suggérée et où les chants familiaux racontent bien plus que des dialogues appuyés. Et sur les beaux visages des interprètes, passent les émotions les plus vives avec une délicatesse et une douleur bouleversante. Cela m'a redonné envie de revoir "The long day closes", deuxième film de Terence Davies, aussi superbe que celui-ci.
Un film conçu comme une boite de souvenirs d'une famille de Liverpool. Une chronique familiale originale mais au récit extrêmement confus qui se traduit par un manque d'empathie envers les personnages.
Un film qui sort de l'ordinaire avec un montage original. Les portraits sont brossés tout en bistre et les chants rythment la vie de cette famille où les femmes ne sont guère respectées, c'est le moins qu'on puisse dire. Et toujours cette porte et cet escalier qui engrangent les souvenirs, témoin du tabassage de la mère par exemple. Une leçon de cinéma (en VO bien sûr)
Un très bon film d'ambiance, particulièrement quand on a vécu en Angleterre, dès la première la facade intemporelle en briques, le bow-window incontournable, nous y sommes, hier comme aujourd'hui. Plus précisément, l'histoire parle de Liverpool dans les années 50, du mal de vivre en famille, et utilise force chansons populaires comme exutoire indispensable à des vies à l'horizon abaissé par la rudesse de la vie après la guerre.
Davies propose un récit déstructuré fait de souvenirs, de la naissance à la mort en passant par le pub! La mise en scène est picturale et figée, et au final l'histoire de cette famille importe peu. Le blues évoque le noir du charbon, les hommes boivent et les femmes les moquent, on vit faussement ensemble, mais on est marié pour toujours.
Une jolie perle pour anglophiles. streaming cinetek - avril 2024
Impression de feuilleter un album de vieilles photos sépia. Série de portraits banals, de scènes banales d'une famille banale.Il ne se passe rien, faute d'événements et de personnalités. Les mariages, les enterrements, les repas, les disputes se suivent et se ressemblent. Peut-être le réalisateur voulait-il montrer à quel point la vie de famille peut donner le sentiment d'être intense de l'intérieur alors qu'elle n'a aucun intérêt vue de l'extérieur? Alors là bravo.
Chef d'oeuvre totalement bouleversant et film atypique : on y chante tout le temps sans que ce soit une comédie musicale. A voir absolument pour la profondeur des sentiments qui s'y incarnent et pour l'originalité formelle. Terence Davies est un grand...