2 ans après son précédent (et moyen) «Sundown», le réalisateur mexicain Michel Franco nous revient avec cette histoire d'amour singulière, et nous offre une œuvre très réussie.
Dénué de pathos (et de musique extradiégétique), le film nous dresse le portrait de deux grands blessés de la vie pour lesquels on se prend d'affection : elle est marquée par un traumatisme familial (qui l'a plongé dans l'alcoolisme, jusqu'à la naissance de sa fille, envers laquelle elle se montre très protectrice), lui est frappé par la maladie (la démence, qui lui fait perdre la mémoire immédiate, et sur lequel on doit veiller continuellement).
D'abord un peu méfiant l'un envers l'autre, ils vont s'aider à tour de rôle pour faire face à leurs angoisses respectives.
Elle est marqué par son passé, lui a bien du mal à se souvenir du présent. Mais ensemble, ils vont se trouver quelque part là-dedans, à leur rythme et non pas à celui de la société qui les entoure. Se trouver pour créer de nouveaux souvenirs et finir par s'aimer.
Interprété par un duo talentueux en osmose totale, Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (récompensé par le Prix d'Interprétation Masculine à la dernière Mostra de Venise), très touchants dans leurs failles respectives, et se rendant plus forts ensemble, voilà un mélodrame qui n'en fait jamais trop et va à l'essentiel, malgré une conclusion un peu trop abrupte.
Histoire de mémoire et de confiance, une œuvre emplie d'espoir malgré les ténèbres qui entourent nos protagonistes, et tout ça traité avec pudeur et justesse.
Sans aller jusqu'à me bouleverser, voilà un drame sincère et sans artifice, et servi par un très bon duo, qui a su me toucher de par son histoire d'amour naissante qui semblait vouée à l'échec de par son apparente instabilité, et pourtant... 7,5/10.