Kit Harrington avec la moustache de José Bové, c'est non. Son jeu d'acteur quand il essaie de faire le mercenaire taiseux, c'est non. L'ensemble de ce Blood for Dust qui brasse beaucoup d'air pour au final n'avoir absolument rien de consistant à proposer (faire voler la poussière ?) : c'est non. Pour schématiser, on se croirait devant un cousin boiteux de La Mule (le petit bijou de Clint Eastwood), qui aurait oublié d'être drôle (ce qui faisait la force de son prédécesseur, puisque Blood ne joue jamais avec le caractère "novice" de sa mule), tendu (ça tire partout, point.), intéressant (on devine vite le final, surtout avec le jeu bancal de Kit Harrington qui laisse tout transparaître des intentions "cachées" de son personnage) ou même bien rythmé (à part le final qui se sent obligé de dégommer tout le monde pour paraître mature, le film est morne et long à la détente...). On ne croit jamais à ce taiseux, à ce gars extrêmement naïf, à tous les collègues qui gravitent autour sans jamais s'inquiéter d'être les prochains sur la liste (des niais finis qui se mettent même gentiment de dos, pour être descendus au bonheur d'une scène "choc"... Soupirs.). En cette compétition du Festival de Deauville, on a lentement vu la salle s'éclaircir (en général en essuyant un bruyant soupir juste avant de tirer la porte à battants... Oui, on vous comprend, nous-même vissé sur notre siège avons eu du mal à ne pas déguerpir). Il n'est pas étonnant qu'absolument personne n'a pensé à lui lorsque l'on a commencé à discuter des candidats pour les Prix, tant il indiffère au plus haut point (même les "pires" sont au final mieux logés, puisqu'on les retient, au moins). Que pourrait-on bien dire de pareil thriller prévisible au point qu'on ne comprend jamais la crédulité aliénante de ses personnages (auxquels on ne croit jamais), du binôme "nouvelle mule / truand dangereux" qui ne fonctionne pas du tout (on l'a dit, que Kit Harrington pouvait aller labourer le Larzac en tracteur ? Oui ? Ah, c'est le coup de la moustache : on ne s'en remettra jamais), du rythme absent (c'est interminable avant que le film se rappelle qu'un spectateur le regarde...), et d'un désintérêt profond si vous avez déjà vu La Mule... Malheureusement, Blood for Dust fait voler la poussière, sans plus, un effort vain qui nous fait juste tousser.