Mississippi Burning est un film réussi, j'avais un peu peur que ça soit gentillet (j'avais juste vu The Wall et Angel Heart du réalisateur), mais ça n'est absolument pas le cas. On raconte donc l'histoire, tirés de faits réels, d'une enquête policière afin de retrouver trois activistes pour les droits de noires en pleine Amérique ségrégationniste. Franchement l'idée de départ est juste parfaite.
Disons qu'on a immédiatement une ambiance, on a les officiers fédéraux qui débarquent dans une petite ville et qui très visiblement ne sont pas les bienvenus, on a un duo de fédéraux qui comme dans tous les films ont des méthodes bien opposés et qui vont devoir apprendre à s'apprivoiser l'un l'autre, le tout avec la menace du KKK qui plane sur les noirs de la ville et sur les héros.
Et il y a un petit côté jouissif à tout ça, on voit bien qu'on a là quelques lieux communs des films policiers, on n'est pas dans quelque chose qui se voudrait être un drame social, on est dans un pur film policier avec tous les codes du genre. Et ça marche d'autant mieux qu'Alan Parker sait s'amuser avec ces codes. L'adjoint du shérif, joué par un excellent Brad Dourif, est juste une caricature de petite frappe qui se croit intouchable et donc lorsqu'il se prend un revers de situation en plein face c'est exaltant. Disons que pendant une bonne partie du film les deux héros se tirent dans les pattes, sans jamais que ça soit agaçant, ce qui est un petit exploit, d'habitude c'est juste chiant et poussif, puis sur la fin, après avoir encaissé, il va y voir un changement de méthode qui va permettre à ce que les petits caïds de la ville se mettent à en baver.
Il y a une petite satisfaction mesquine qui fonctionne très bien. Et ça j'ai vraiment apprécié, disons que contrairement à Django Unchained ou à Blackkklansman qui clairement se foutaient de la gueule du KKK et qui les tournaient en dérision, ici le Klan reste une menace tout le long du film, ses membres sont puissants, ne sont jamais ridiculisés ou pris à la légère, ce qui permet de les rendre inquiétant et d'avoir l'impression que les héros ne s'en sortiront jamais car le mal est profondément ancré dans la ville. La tension va ainsi monter tout au long du film, ce qui ne fait que renforcer le sentiment d'accomplissement lorsque les fédéraux arrivent enfin à quelque chose, surtout qu'on ne va pas se le cacher c'est avec une méthode assez peu académique qui est forcément jubilatoire à voir au cinéma.
En somme c'est un film qui a bien compris ce qu'il faisait, il n'hésite pas à être violent, à montrer les injustices du système ségrégationniste, sans pour autant être manichéen. Le héros joué par Gene Hackman est lui même plein d'ambigüité... Il vient du Mississippi, il est issu d'une famille raciste, il sait comment naît la haine, il l'a vu naître chez son père et donc ça permet de contrebalancer tous les personnages de sudistes racistes. Disons que le film semble bien conscient des processus qui mènent à ce genre de discrimination, sans pour autant les excuser.
Cerise sur le gâteau on a un jeune William Dafoe qui est parfait en type voulant absolument faire les choses dans les règles et changer la société, une Frances McDormand qui arrive à illuminer le film avec un peu de chaleur humaine et surtout une bande son que j'ai trouvée formidable. Elle participe immédiatement à l'ambiance du film, on sent le sérieux, la gravité de la situation, elle est marquante et en jette pas mal.
Franchement on est à l'opposé de ce que je craignais, un petit film antiraciste insipide, ici tout est fait pour être marquant pour le spectateur.