« Ici c’est l’inhumation, notre métier. Nos affaires sont meilleures. »
Réalisateur éclectique s’il en est, oscillant entre commandes des studios pour se renflouer et projets personnels souvent ruineux, Francis Coppola, qui a effacé ici son deuxième prénom, a incontestablement du génie. C’est encore le cas dans ce film au style pourtant académique, voire commun, à travers sa direction d’interprètes, au premier rang desquel·les on retrouve James Caan, James Earl Jones, Anjelica Huston, Mary Stuart Masterson et ses parents, et D.B. Sweeny dans l’un de ses rares rôles marquants. A noter que James Caan et Laurence Fishburn, dans un petit rôle, tournent ici leur quatrième film chacun avec Coppola.
Sur arrière-fond de guerre du Vietnam, bien loin du chef d’oeuvre de Coppola Apocalypse Now, Garden of Stones nous montre la vie quotidienne dans une unité d’élite cantonnée à Washington, dont l’activité principale est de servir de garde présidentielle et d’enterrer les soldats tombés à l’autre bout du monde, dans une guerre qui n’a plus de sens que pour le jeune volontaire Willow. Plusieurs conceptions de la guerre vont ainsi se croiser à travers les échanges entre deux officiers rangés des batailles, Willow qu’ils ont pris sous leur aile et une journaliste pacifiste du Washington Post amoureuse de l’un d’eux.
Malheureusement, il manque un côté épique à cette œuvre par ailleurs sympathique, ce qui n’est pas assez pour le propos. C’est globalement assez lent, comme la plupart des films de Coppola, mais l’originalité du scénario s’étiole après la moitié de l’oeuvre et on ne sait plus qui l’on suit du jeune volontaire impatient d’aller au Vietnam ou du sergent qui veut à tout prix devenir instructeur pour permettre aux jeunes recrues de sauver leur peau lorsqu’elles y seront. Pareillement, on oscille entre comédie gentillette et drame, sans jamais savoir sur quel pied danser, dans une œuvre qui se délite encore un peu plus vers la fin sans jamais atteindre la densite d’autres réalisations du maître.