François Ozon, réalisateur reconnu pour sa capacité à osciller entre divers genres cinématographiques, nous offre avec "Mon Crime" une adaptation d’une pièce de théâtre des années 1930. Avec un casting de talents, une esthétique soignée et une trame narrative inspirée du vaudeville, ce film promettait beaucoup. Cependant, malgré ses qualités indéniables, il laisse une impression mitigée.
L'histoire de Madeleine Verdier, une jeune actrice accusée du meurtre d'un producteur, se déroule dans un Paris de 1935 reconstitué avec minutie. Les décors et costumes sont, sans conteste, un des points forts du film. Pascaline Chavanne, la cheffe costumière, et Jean Rabasse, responsable des décors, réussissent à transporter le spectateur dans l’atmosphère de l’époque, un véritable régal visuel. De même, la photographie de Manuel Dacosse capture habilement les nuances et la texture de cette période, rendant chaque scène agréable à regarder.
Les performances des acteurs sont globalement solides. Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, dans les rôles principaux, montrent une belle complicité à l’écran, apportant une fraîcheur et une énergie indéniable à leurs personnages. Isabelle Huppert, dans le rôle de l’actrice déchue Odette Chaumette, livre une performance convaincante bien que parfois trop caricaturale.
Cependant, malgré ces éléments positifs, "Mon Crime" peine à trouver un véritable équilibre. Le ton oscillant entre la comédie dramatique et la farce peut désarçonner le spectateur. Le scénario, bien que fidèle à la pièce originale, souffre de quelques longueurs et de moments de flottement. Certaines scènes, censées être des pivots dramatiques, manquent de la tension nécessaire pour captiver pleinement l’audience. De plus, le film semble hésiter entre une dénonciation sérieuse des injustices de l'époque et une approche plus légère et humoristique, ce qui dilue son impact.
Le choix de François Ozon de moderniser certains aspects du récit pour résonner avec des thèmes contemporains, tout en restant dans un cadre historique, est ambitieux mais ne fonctionne pas toujours. Les tentatives de faire écho à des problématiques modernes paraissent parfois forcées et anachroniques, créant un décalage qui peut déplaire à certains spectateurs.
Enfin, la musique de Philippe Rombi, bien que généralement adéquate, n’apporte pas toujours la profondeur émotionnelle attendue dans les moments cruciaux du film. Les compositions, parfois trop discrètes, passent inaperçues là où elles devraient renforcer l'atmosphère et les émotions.
En conclusion, "Mon Crime" est un film qui, malgré ses qualités esthétiques et quelques bonnes performances, manque de cohésion et de profondeur. La tentative d’actualisation du vaudeville et l’hésitation entre les genres laissent une impression inachevée. Il reste une œuvre intéressante pour les amateurs de François Ozon et du cinéma d'époque, mais elle ne parvient pas à pleinement convaincre et à s’élever au-delà de ses ambitions initiales.