François Ozon nous a habitués à la douche écossaise: un film provocateur (un peu à la manière de Xavier Dolan), un film outrageusement grand public. Pour ne pas passer pour un cuistre, nous ne dirons pas que nous le préférons dans le style grand public, mais il faut reconnaitre que Mon Crime est une vraie réussite. Et qu'au passage, Ozon plante des banderilles à droite et à gauche, sur la magistrature, sur le féminisme, sur les médias... un beau jeu de massacre!!!
Soit, dans les années 35, deux amies dans la mouise qui partagent un appartement miteux. Par chance, ce sont les deux jeunes actrices françaises qu'on s'arrache aujourd'hui! La blonde et la brune, comme dans Mulholland Drive... Madeleine (Nadia Tereszkiewicz) est une actrice sans engagements; Pauline (Rebecca Marder), une avocate sans causes.
Madeleine a un rendez vous avec un producteur. Qui lui propose un rôle bien payé.... assorti de deux heures par semaine dans sa garçonnière. Madeleine, vierge au coeur pur (fiancée à André, Edouard Sulpice, fils de famille très amoureux lui aussi mais particulièrement mufle puisqu'il se propose d'épouser une héritière très moche pour entretenir sa chérie....) s'enfuit.
Mais le nabab est retrouvé révolvérisé. Madeleine, coupable idéale, est accusée; mais Pauline va retourner la situation dans un discours féministe qui touche d'abord les femmes, puis les hommes qui imaginent leurs soeurs, leurs filles, tombant dans les pattes d'un immonde suborneur...
C'est l'acquittement, et pour les filles devenues subitement des vedettes, le début de la belle vie. Faudrait juste pas que le ou la vraie coupable soit découvert...
A partir de là, vous avez tout le cinéma français qui défile, y compris, brièvement, Dominique Besnehard... et puis, Daniel Prévôt, Michel Fau, Myriam Boyer, Regis Laspalès (qui fait penser à Francis Blanche), et dans les rôles plus importants, l'élégant André Dussolier, toujours sémillant, qui incarne le père industriel d'André; Fabrice Luchini, hilarant en juge aussi tyrannique que nul, et qui bizarrement ressemble à Paul Valery...
Et enfin, complètement à contre emploi, celle qui apparait si souvent comme glaciale et intello, Isabelle Huppert, interprète une ancienne vedette du cinéma muet, complètement cinglée, et Dany Boon est génial en.... marseillais arrivant tout droit de chez Pagnol!
Finalement c'est ça notre bonheur: les regarder tous cabotiner... mais tellement bien! Ajoutons que la reconstitution des décors, des rues, des appartements d'époque est particulièrement réussie. Comme disait certain ours, il en faut peu pour être heureux...