Quoi de plus original que de célébrer la journée internationale de la femme de ce 8 mars 2023, en visionnant l'excellente et malicieuse comédie policière burlesque, "mon crime", de François Ozon !
Cette adaptation d'une pièce de théâtre des années trente est à la fois une ode à la femme et au théâtre, et dont le rythme enjoué, justement théâtral, fait que l'on ne s'ennuie pas une seconde !
Les deux héroïnes pétillantes de l'intrigue, la franco-finlandaise d'origine polonaise, Nadia Tereszkiewicz, et la franco-aléricaine, Rebecca Marder, apparaissent succulentes de justesse, et d'un naturel totalement décomplexé face à l'impressionnant casting cinq étoiles de seconds rôles toujours aussi performants à jouer la comédie, Fabrice Luchini, Isabelle Hupert, André Dussolier, Régis Laspalès, Evelyne Buyle, Myriam Boyer, Michel Fau, Daniel Prévost, Dany Boon, Olivier Broche, Dominique Besnehard, l'ex "soutien et candidat à la députation du Rassemblement National" ", Franck De La personne, etc...
Les reconstitutions des décors, du charme désuet et de l'ambiance du Paris des années trente, des costumes de l'époque et du parc automobile d'alors, restent époustouflantes d'exactitude et de beauté.
Au départ de l'intrigue, nos deux protagonistes vivent pauvremement au sixième étage d'un immeuble miteux de proche banlieue parisienne, dont elles ne possèdent nullement les moyens de régler leurs moult loyers impayés.
À ce moment-là de l'histoire, la jeune comédienne sans talent et son amie avocate au chômage, sont aux antipodes ou à des années lumières des strass, du gloss et du ricil.
Ozon nous esquisse des portraits de jeunes filles en fleur plutôt déprimées par leurs conditions d'existence, rêvant d'une vie meilleure et du "grand amour", de s'affirmer et d’exister dans une société où elles ont l’impression de n’être que des miettes ou "quantité négligeable".
Elles vont saisir l'opportunité d'un crime d'un producteur de théâtre libidineux et goujat,... "pléonasme" depuis l'affaire "Weinstein", que la jeune comédienne sans le sou s'attribue aussi bien ingénument qu'astucieusement.
En effet, elle sera habilement défendue par son amie et colocataire au même statut financier, non seulement pour mettre en lumière les conditions pitoyables et lamentables de la femme dans ce début du vingtième siècle, mais pour améliorer leurs quotidiens par la même occasion, en étant sous le feu médiatique rémunérateur des projecteurs post verdict des jurés de la cour d'assises du tribunal.
C'est frais, enlevé, et plein d'humour, libèrant la parole des femmes trop souvent inaudible dans cette société archi-patriarcale d'antan, où elles n'avaient malheureusement toujours pas encore le droit de voter dans l'hexagone en 1935, alors que ce dernier était déjà légiféré en Nouvelle-Zélande depuis .... 1893 !
Derrière les rires et les faux semblants, Ozon nous révèle discrètement et savamment, un manifeste féminin et féministe qui touche juste en cette journée du 8 mars.
Ces deux touchantes, poignantes et amusantes jeunes novices dans la comédie, crèvent la scène dans ce spectacle cousu main à leur intention par le réalisateur, et dont nous en pouvons que saluer le flair à les avoir dénichées !
Il n'est pas étonnant que la jeune comédienne de vingt six anx, Nada Tereszkiewicz, reçut le 24 février dernier le César du meilleur espoir féminin pour sa prestation dans "Les Amandiers", réalisé par Valeria Bruni-Tedeschi.