Il n’y a pas longtemps, j’ai découvert « Pour la peau d’un flic », la première réalisation d’Alain Delon. Bien que maladroit sur son mélange policier-comédie, j’avais quand même passé un très bon moment. Du coup, j’étais assez curieux de découvrir « Le battant », sa deuxième réalisation surtout que j’avais eu de meilleurs retours sur ce film que sur le précédent.
Au début, tout s’est plutôt bien passé. On est dans la caricature, on devine l’intrigue policière facile et l’ambiance polar français des années 80 qui a un certain charme. Je suis bien rentré dans ce film et j’ai même été content de voir que le scénario écrit par Christopher Frank, d’après le roman d’André Caroff, délaisse la comédie pour ce concentré sur un film policier brut.
Malheureusement, très vite ma joie est retombé. Bourré de misogynie et de scènes gratuites, ça a pris le dessus sur l’ensemble à mes yeux et je ne voyais plus que ça. Quand Alain Delon ne se montre pas comme le grand héros qui n’a peur de rien, c’est pour nous présenter la femme objet qui ne sers qu’à assouvir les besoins de l’homme. C’était déjà le cas dans « Pour la peau d’un flic » mais l’humour venait rendre le tout tellement ridicule, tellement parodique, que l’on pouvait en sourire car le film ne se prenait pas au sérieux. Là, il se prend au sérieux et du coup, ça fonctionne nettement moins.
C’est dommage car aussi classique soit-elle, cette histoire m’amusé au début mais plus le temps passe et plus je ne gardais en mémoire que cette utilisation de la femme, les longueurs d’une intrigue dont on devine très vite la fin n’arrangeant pas les choses. Je ne suis pas spécialement un féministe, il y a des films où la femme n’a pas forcément un rôle flatteur qui m’amuse, mais ici, j’ai surtout ressenti de la gêne au fur et à mesure de ma projection pour au final ne retenir que ça.
Après, devant la caméra, Alain Delon (Jacques Darnay) retrouve ses travers de sa précédente réalisation. Ce film n’est qu’un prétexte pour le mettre en valeur et cette surenchère pour se donner le beau rôle n’arrange pas la caricature que j’ai de cet acteur et qui lui colle à la peau. Alain Delon fait du Alain Delon mais là aussi, ça marche moins, cela m’a en tout cas moins convaincu. Face à lui, François Périer (Gino Ruggieri) fait de son mieux mais il tombe lui aussi dans le stéréotype. Toute l’évolution de son personnage est écrite sur son front et l’on a aucune surprise. Je ne parle même pas des différents flics et autres pourris de l’histoire. Finalement, le seul dont la caricature fonctionne, c’est Pierre Mondy (Rouxel) mais c’est peut-être aussi parce que c’est la seule qui s’avère totalement assumé avec notamment ces clins d’œils à Columbo ou Maigret.
Pour le casting féminin, comme je le dis un peu plus haut, nous n’avons pas des actrices mais juste de jolis pots de fleurs… Si Alain Delon s’arrête à l’exhibitionnisme de son torse, pour ses actrices, elles ont le droit à la totale avec quasiment à chaque scènes des nus intégraux gratuit qui n’apporte rien au récit. Je voudrais bien parler du jeu des comédiennes mais j’ai l’impression que ce n’est pas ce qu’on leur demande. Anne Parillaud (Nathalie), Andréa Ferréol (Sylviane Chabry) ou encore Marie-Christine Descouard (Clarisse), elles y passent toutes dans le lit d’Alain Delon et une fois qu’on enlève ses passages, il ne reste plus grand chose. C’est dommage car j’aurais par exemple bien aimé en voir plus sur Clarisse mais à l’image du scénario, on ne lui demande pas son avis…
Sinon, je suis aussi un peu déçu de la mise en scène d’Alain Delon qui m’avait plus convaincu dans son premier film. Sa caméra n’a pas forcément toujours des angles de vues très judicieux, l’image est parfois trop tremblotante sans raison et même pour se mettre en valeur, il ne parvient pas à s’illuminer selon moi là où son maître René Clément (le film lui est dédié) y arrivait nettement mieux.
Après, tout n’est pas mauvais non plus. Je suis bon client de ses décors et de ses costumes qui nous rappellent ce vieux Paris des années 80, c’est surtout dans les idées de l’époque que j’accroche moins. La bande originale composée par Christian Dorisse est également sympathique et colle bien à cet univers. Bien que très classique, si on enlève une bonne demie heure de scènes inutiles, l’intrigue aurait pu être plus plaisante avec un montage plus rythmé mais cela reste quand même regardable.
Pour résumer, je n’ai pas autant accroché au film comme je l’aurais espéré. Sans parler de son aspect très classique et sans surprises, « Le battant » est surtout un policier dont je retiendrais la misogynie générale qui gâche totalement le spectacle et qui m’a pourri mon visionnage. Je suis peut-être passé à côté du film mais je ne voyais que ça à un point que même après mon visionnage, plus j’y repense et plus le film baisse dans mon estime (alors que je serais presque tenté de remonter « Pour la peau d’un flic » qui n’étais pas si mal finalement). Comme certaines idées de son époque, le film a pris un coup de vieux mais se laisse néanmoins suivre mais j’aurais quand même apprécié prendre plus de plaisir. Cette fois-ci, ça ne passe pas pour moi…