Mouais, Robert Enrico ne m’a convaincu qu’à moitié avec ce film, très inégal.
Très inégal d’abord par l’histoire. Ok, le point de départ est bon, ok ce n’est pas un thème fréquent dans le cinéma, et ok, il y a de très bon de tension, lesquels d’ailleurs sont étrangement concentrés dans la première partie, au moment où le mystère reste encore presque entier. Seulement ça ne suffit pas à me convaincre vraiment ! En effet, en retour on aura quand même des invraisemblances assez nettes (on peut douter de la technique utilisée pour cacher le souci alors que c’est encore plus voyant et alertant !), des éléments scénaristiques douteux (l’histoire d’amour qui se développe vraiment un peu n’importe comment), et une fin abrupte pas terrible. Finalement Zone rouge reste très inégale, avec sans doute plus de bonnes intentions côté histoire que de vraies réussites.
Le casting est surtout porté par une excellente Sabine Azéma. Gros point fort du métrage, elle rattrape une interprétation assez aléatoire des autres acteurs. Richard Anconina se force, mais on dirait qu’il évolue constamment dans une comédie, nous assenant, surtout dans la première partie un personnage totalement pas cohérent avec le film, et surtout le personnage évolue de façon rigoureusement improbable. Clairement l’acteur ne s’était pas encore remis dans ses débuts dans des comédies populaires françaises, et son jeu a du mal à se mettre en place, même si finalement il est meilleur sur la fin. Pour le reste les seconds rôles sont campés par des acteurs connus, Bouise, Surgère, Reno… avec des réussites aléatoires, comme je le disais. On sent trop souvent poindre un léger surjeu, ce qui fait qu’on voit nous même sans problème ceux qui ont quelque chose à cacher, et qu’on se demande presque comment l’héroïne peut ne pas voir ces comportements assez louches.
Pour le reste Zone rouge est visuellement moyen. Mise en scène assez efficace, mais photographie plutôt vilaine, sans personnalité, et des décors qui ne cassent pas la baraque. Le film est plutôt basique, l’ambiance n’accentuant pas vraiment, du coup, la force du propos, des scènes, tout cela étant traité avec la même dimension artistique qu’un reportage télé en fait ! Je ne sais pas si cette dimension objective sur l’image était voulue, mais elle est un peu rebutante. C’est trop gris, trop terne, trop « naturaliste » sans doute, malgré de beaux plans (la maison qui brule…) La bande son est peu marquante, mais elle est idéal pour accompagner le film, discrète, sans trop, sans pathos excessif.
Zone rouge est un Enrico de petite facture, porté par son sujet, qui reste d’actualité, mais handicapé par un traitement lourd, empesé et par une interprétation peu égale. Ça se laisse voir, mais j’aurai aimé être davantage convaincu. 2.5