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gimliamideselfes
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4,0
Publiée le 1 janvier 2023
Je pense ne pas trop me tromper en disant que Les travaux et les jours est l'un des films les plus singuliers sortis en 2022. Singulier déjà par sa durée (il fait plus de 8h et est sorti en 3 parties au cinéma, dont une de 3h30 !), mais ça à la rigueur c'est pas le plus important. Il est surtout singulier dans la vision du cinéma qu'il propose, puisque c'est sans doute l'un des films les plus lents que j'ai pu voir (et la durée permet ça).
Il montre le quotidien d'une femme (et de ses proches) durant environ une année. Il n'y a même pas vraiment de repères temporels si ce n'est le feuillage des arbres, la météo. Et donc ce quotidien est montré dans sa banalité la plus totale. Des gens qui marchent, la nuit dans le noir, on ne voit rien... on ne voit rien mais on entend absolument tout.
Le film propose plusieurs séquences dans le noir total, de plusieurs minutes où on entend juste le bruit de la campagne. Le son fait tout, on entend les animaux s'ajouter un à un à la cacophonie ambiante, on entend le bruit de l'activité humaine aller et venir... Le film a un côté relaxant et absolument fascinant.
Et à côté de ces scènes contemplatives on a le drame qui s'installe petit à petit : la mort. Un malade, on voit les échecs de ses traitements et finalement son enterrement. Le fait que le film soit tourné sur un an (voire plus ?) permet de montrer ce qu'est une agonie, sans fioriture, dans toute sa détresse et sa simplicité et surtout on a les réactions au décès, à l'enterrement... Les questions ridicules que l'on peut se poser : faut-il beaucoup pleurer pendant le discours ?
En 8h les réalisateurs ont le temps de montrer les petites conversations, de les inscrire dans la durée...
Le film arrive à imposer son rythme, sa profonde lenteur et c'est une sensation toute particulière, cet étirement absolu du temps. Il ne se passe rien et on comme happé, sans jamais s'ennuyer, mais attentif au moindre son, au moindre bruit, à la moindre ombre qui se déplace lentement au loin dans un paysage encore endormi.
Disons qu'on a un film qui est à l'opposé de ce que propose le cinéma d'habitude, on a un film qui ose s'étendre plus que de raison, qui ose juste utiliser le son, qui ose montrer sans juger... et le pire dans tout ça c'est que je ne suis pas certain si c'est un documentaire ou une fiction... ou quelle est la part de docu et quelle est la part de fiction (j'ai trouvé des infos un brin contradictoire sur le net, mais tout fait tellement vrai que j'aurais cru que tout était un documentaire).
En plus le fait que les plans soient simples, beaux dans leur simplicité, mais pas hyper esthétisés, renforce cette impression qu'on a juste posé la caméra là, à regarder les gens marcher jusqu'à leurs plantations. Tout semble naturel et organique.
C'est un film unique dans ce qu'il propose et pour ça l'expérience doit être vécue.
Le concept de réaliser un film de huit heures en plans fixes etait prometteur. Malheureusement un quart de ces plans seukement a une valeur esthétique tout au plus. Les dialogues sont d'une banalité de tous les jours. On rencontre certes quelques japonais et une culture, mais sans intériorité. On ose même pas s'ennuyer tellement on est consterné par ce que s'autorisent les monteurs. Je n'ai vu que la partie 3, et un sérieux mal de tête salvateur me décourage de découvrir les 2 autres parties au cinéma. Dommage. J'encourage d'autres réalisateurs à continuer sur ce même concept qui permet une bonne imprégnation, mais plutôt sur une des cultures en voie actuelle d'extinction par exemple.