Superbe film, riche en thèmes dont le principal est celui de la pauvreté au Royaume-Uni, notamment dans le nord-est, au bord de la mer, près de Durham, région qui a souffert de la politique (libéralisation de l’économie, réduction de la dépense publique, privatisations, affaiblissement des syndicats, etc.) de la Première Ministre (1979-1990) Margaret Thatcher (1925-2013), responsable de la fermeture de nombreuses industries, ici les mines de charbon, malgré la longue grève des mineurs de mars 1984 à mars 1985.
Des maisons sont achetées en ligne pour 8 000 £ par des investisseurs chypriotes, dévalorisant les maisons voisines et créant du ressentiment chez leurs propriétaires
. La misère engendre la bêtise et le racisme (« il est plus facile de s’en prendre à plus faible que soi ») mais aussi, la solidarité (« A manger ensemble, on se serre les coudes »). Ken Loach est constamment sur le fil du rasoir et construit un film sans misérabilisme, ni manichéisme, grâce au scénario (du fidèle Paul LAVERTY dont c’est la 15e collaboration) qui expose les faits (donnant la parole aux Anglais, accueillants ou racistes, et aux réfugiés syriens) et à une mise en scène remarquable, permettant d’obtenir l’excellence des acteurs, au jeu quasi documentaire. Dave TURNER qui joue Tommy Joe Ballantyne, le patron du pub « The old oak » (« le vieux chêne ») est tout en nuances, tiraillé entre son passé (
où il a privilégié son pub au détriment de sa femme et de son fils
) et essayant de rendre le présent meilleur (en créant une cantine solidaire). C’est aussi un film féministe car ce sont les femmes, de toute nationalité, qui agissent, et de façon positive. Ici, les racistes sont des hommes et l’actualité (Ukraine, Proche Orient) montrent que la violence est le fait des hommes.