Erreur de titre? Arnaque ? Malentendu ?
Emmanuelle (le premier), ce titre historique à bien des égards, la scandaleuse, celle dont la quête de l’appropriation de son corps, au départ épouse docile et vitrine d'un expatrié, s'est rendue célèbre par son cheminement vers son propre corps, son propre droit, son propre désir. Loin d'être parfait, ce film originel est une histoire d'initiation qui en devient initiatique pour ses millions de spectateurs, mais surtout de spéculatrices prenant à plein poumon la parenthèse enchantée qu'offre l'ouverture à l'érotisme "de rue", les prises de paroles fortes des féministes, le droit à l'avortement, l'ébauche du pouvoir d'un non qui magnifie les oui éventuels.
Dans cette reprise, rien. Pas de parcours, pas "d'entrée au salon", pas de désir, pas de plaisir. Peut-être une vague obsession pour un crétin mystérieux dont la gueule et le talent oratoire le dispute au non sens, à la vacuité.
Emmanuelle là-dedans ? On ne sait pas. Qui elle est, ce qu'elle ressent, ce qu'elle apprend (visiblement rien ne l'étonne ou ne l'émeut). Et ce n'est pas étonnant : rien dans ce film n'inspire la moindre émotion.Y a pas de corps (un ou deux jolis plans de l'actrice tout de même), y a pas d'érotisme, y a pas d'enjeu ni de trajectoire,ni d'arc narratif. On entre dans le film, on ne passe par rien, on sort du film. Rien ne s'est passé.
Restent quelques plans de la ville ou d'intérieur bien léchés (sans plus, et à peine à la cheville de certains classiques) et le charme indéniable de l'actrice qui ici s'est complétement fait berner à perdre son temps plutôt que d'aller offrir ses talents à d'autres réalisations autrement plus inspirées et inspirantes. A fuir, donc.