Les premières scènes de ce film sont tournées à Oxford, autour de la Radcliffe Camera, puis dans Brasenose College, et sur le campus d'Oxford. Il m'a aussi semblé reconnaître Magdalen College et le pont sur la rivière Cherwell. Architecture magnifique, nous amenons chaque été des centaines de lycéens français et belges parfaire leur anglais à Oxford. Le début du film est très esthétique, avec le décor d'une ville universitaire anglaise prestigieuse. Les scènes du manoir et du jardin de Saltburn sont filmées à Drayton House dans le Northamptonshire, bien moins connu qu'Oxford. Le labyrinthe a été créé de toutes pièces.
So British. So posh. La scène où les deux protagonistes vont rendre visite aux parents d'Oliver Quick à Liverpool est un peu déroutante, car elle méprise la géographie anglaise. On ne voit pas bien comment Saltburn peut être aussi près de Liverpool. Un peu comme si la ligne 13 du métro parisien débouchait soudainement à Dunkerque. Curieuse incohérence qui fait bien rire du côté de Liverpool.
Chez nous, ce film est visible sur la plate-forme Amazon Prime vidéo. Que ceux qui ne sont pas abonnés à Prime se rassurent, ils ne perdent pas grand chose. Ça ne valait pas le grand écran. Il est sorti dans quelques salles au Royaume-Uni et surtout aux États-Unis, pays où il a rencontré un certain succès. Outre son esthétique réussie, il est conforme aux préjugés des spectateurs américains au sujet de l'Angleterre. Un peu comme la série "Outlander", très superficiellement écossaise, plaît aux Américains et fait beaucoup rire à Glasgow. En Angleterre, "Saltburn" a fait un bide.
C'est une adaptation d'un excellent roman anglais, "Brideshead revisited" d'Evelyn Waugh, revisité façon thriller moderne. Avec quelques influences de roman policier de Patricia Highsmith, ou du film "Orange mécanique" de Stanley Kubrick. Cette "crime story" n'est pas au niveau de la tradition anglaise (au pays d'Agatha Christie ...), des meilleures productions policières britanniques, ni même de la série "Killing Eve" pour laquelle la réalisatrice Emerald Fennell a été scénariste de la saison 2.
On ne peut nier ni la dextérité de la réalisatrice, ni le talent de Barry Keoghan, mais passé les premières scènes, l'ensemble est incohérent. À l'image d'un Barry Keoghan beaucoup trop vieux pour son rôle d'étudiant, affligé par son accent de Dublin alors qu'il est censé incarner un jeune de Liverpool.
Beaucoup de provocation, aucun rythme, peu de suspense, l'intrigue est très vite transparente. À certains moments, devant tant d'emphase dramatique, on pouffe de rire. Ce "murder on the dancefloor" est très beau mais très creux.
Au-delà des amateurs de "crime movies" bien déçus, même les simples anglophiles, fans de palais ou de jardins anglais, les étudiants de retour d'Oxford, n'y trouveront pas leur compte.
Celles qui veulent voir Barry Keoghan tout nu, peut-être ?