On en a eu des films sur des tueurs à gages, un métier plus ou moins imaginaire et fantasmé, poncé par le cinéma hollywoodien d’action depuis des lustres. Et, à première vue, ce « Hit Man » semblait rentrer typiquement dans la case de la comédie d’action légère et pas forcément novatrice et emballante, le genre de divertissement peu demandant qu’on se regarde un samedi soir entre potes pour mettre tout le monde d’accord sans grande conviction... Et bien ce serait préjuger bien vite de sa qualité. En effet, quand on y regarde de plus près, plusieurs points confirment la bonne surprise qu’on ressent à la vision de ce long-métrage. D’abord, c’est réalisé par Richard Linklater, l’un des cinéastes les plus versatiles et avant-gardistes qui soit. On lui doit aussi bien le film d’animation tourné avec la technique de la rotoscopie « A Scanner Darkly », la sublime chronique adolescente tournée sur plusieurs années « Boyhood » mais aussi la trilogie culte « Before Sunrise » / « Before Sunset » / « Before Midnight » ou encore la petite perle injustement méconnue avec Cate Blanchett, « Bernadette a disparu ». Un auteur à l’aise dans tous les genres, innovant, curieux et souvent remarquable. Ensuite, le scénario est vaguement inspiré d’une incroyable histoire vraie, ce qui rajoute un peu de piment à cette intrigue rocambolesque mais toujours probante et réaliste qui nous réserve bien des surprises. Et, last but not least, l’un des talents les plus en vogue à Hollywood en ce moment (définitivement révélé dans le carton « Top Gun : Maverick » en antagoniste du personnage de Miles Teller) ne cesse de prouver que nous avions raison. En effet, Glenn Powell explose littéralement ici et nous montre toute l’étendue de son talent : tantôt à l’aise dans le second degré et les déguisements improbables que permettent ce rôle, tantôt terriblement romantique et bourré de charme mais aussi complètement crédible en homme d’action, il irradie ce « Hit Man » de son talent. Et son duo avec Adria Arjona transpire la sensualité et la complicité.
On est donc face à une plutôt bonne surprise avec cette production qui avance masquée puis se révèle de plus en plus addictive. Il faut donc passer la première demi-heure où le film s’avère un peu trop bavard pour rien et répétitif et où l’intrigue a un peu de mal à se lancer sur se trame principale. Mais, au final, cela permet à Powell de s’amuser avec postiches et grimages en tous genres et de manière convaincante. Puis, « Hit Man » se mue en un parfait mélange entre suspense policier léger, humour de situation plutôt bien senti et beaucoup de romantisme et de sensualité. On est à cheval, en ce qui concerne la tonalité, entre « Mrs. & Mr. Smith » et « True Lies ». Plus l’intrigue pose ses jalons et plus on se prend au jeu du chat et de la souris entre la police, un ripou insistant, la jeune femme jouée par l’actrice portoricaine et la double identité – enfin les multiples identités – de celui de Powell. Chaque scène est bien écrite, chaque situation rebat les cartes avec intelligence et les quiproquos présentés ici sont crédibles et savoureux. Le genre de film dont on ne sait jamais où il va nous emmener. Alors on passe sur une mise en scène appliquée mais sans génie (Linklater est plus connu pour ses concepts, ses idées ou en tant que bon faiseur que pour la qualité formelle de ses films) et on se laisse aller à ce panier de crabes amusant en bonne compagnie et toujours fun.
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