Si "Emilia Pérez" mérite d’être salué pour son sujet fort et son casting diversifié, il souffre d’un déséquilibre narratif et d’un manque de cohésion entre ses différentes inspirations. Le mélange entre polar, drame et comédie musicale peine à convaincre, les ruptures de ton cassent l’émotion, et les passages musicaux semblent plaqués plutôt qu’intégrés au récit.
Karla Sofía Gascón brille, mais Zoe Saldaña manque de présence et Selena Gomez est sous-exploitée. Visuellement léché, le film finit par se perdre dans une mise en scène trop esthétisante et froide, où la forme prend souvent le pas sur le fond.
Et bien sûr, il y aura toujours ces "génies" autoproclamés de la critique pour affirmer que ceux qui n’aiment pas "n’ont rien compris". Ces experts de salon, persuadés d’avoir atteint une élévation cinématographique inaccessible au commun des mortels, qui pensent que plus un film est obscur, plus il est brillant, et que le rejet d’une œuvre expérimentale traduit forcément un manque d’intelligence. Non, un film n’est pas réussi simplement parce qu’il est original, et non, un film d’auteur n’est pas au-dessus de la critique juste parce qu’il joue avec les codes.
À force d’encenser l’expérimentation sans recul, on finit par confondre audace et maladresse, complexité et confusion, et surtout, par mépriser toute œuvre qui ose être accessible. Parce qu’après tout, quoi de plus satisfaisant que de se croire supérieur en défendant un film que "les autres" n’ont pas compris ? Bref, aimer un film pour ce qu’il est, d’accord, mais l’encenser juste parce qu’il est différent et se convaincre qu’on détient la vérité absolue sur le cinéma, c’est autre chose.