Incontournable !
Drame, comédie musicale, thriller ? Il y a de tout ça dans le nouveau très grand film signé Jacques Audiard. 130 minutes éblouissantes qui feront date dans le 7ème Art. Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être. J’espère de toutes mes forces que le public va adorer ce chef d’œuvre d’émotion et d’inventivité. Du très grand cinéma !
Souvent le Prix du Jury cannois – qui est souvent son véritable coup de cœur -, se révèle meilleur que la Palme d’Or. – Je ne veux en rien préjuger de la qualité du Anora de Sean Baker qui ne sortira sur nos écrans que fin octobre –. Mais force est de constater que Jacques Audiard a frappé très fort avec cette pure merveille. Force est de constater qu’Audiard est un habitué de la Croisette, puisque Dheepan (Palme d'or), Un prophète (Grand prix du jury) et Un héros très discret (Prix du meilleur scénario) ont déjà été primés. Mais celui-ci les dépasse tous en qualité et en originalité. La participation de Thomas Bidegain – comme pour Un prophète, Dheepan, Les Frères Sisters, - à l’écriture n’est sûrement pas un hasard dans la réussite de ce film. Pour Audiard, Emilia Pérez, c’est un peu comme si la Belle et la Bête étaient enfermées dans un même corps. Son scénario traverse tous les genres ou presque : noir, mélodrame, comédie de mœurs, comédie musicale et même télénovela… C’est un tourbillon de sentiments, de rebondissements, et d’émotions fortes. Une prouesse puissante, généreuse, viscérale, audacieuse… c’est fou !
Le quatuor féminin formé par Zoe Saldana, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez et Adriana Paz, a été distingué d’un prix d’interprétation partagé à Cannes… un fait unique pour un film unique. C’est tout dire de la qualité de leurs performances. Ces dames jouent, chantent et dansent parfois avec le même bonheur. Une mention spéciale toute fois pour Karla Sofía Gascón, actrice transsexuelle absolument bouleversante dans son double rôle. Une autre mention pour la musique épatante de Clément Ducol – et le clin d’œil… ou d’oreille, final à la merveilleuse chanson de Brassens, Les passantes, comme un hymne à toutes les femmes. Cette pépite avait tout du projet casse-gueule, Audiard et toute son équipe en ont fait un chef d’œuvre virtuose.