À ce stade, "Godzilla x Kong: Le Nouvel Empire" n'est même plus un film nul, il est juste dingue !
Faut imaginer Adam Wingard aller se balader dans son grenier, renverser par mégarde une caisse remplie de ses vieux jouets de kaijus et, en les remettant en place, se dire "Tiens, si j'y jouais une dernière fois comme quand j'avais 7 ans ?" et se mettre à quatre pattes pour le faire.
Sauf que le gars est en plein trip d'acide au même moment. Avec des dizaines de millions de dollars, des gens et des caméras autour de lui. Et bim, nous voilà en train de regarder, sidérés, le résultat qui va au-delà de nos espérances masochistes les plus extrêmes, s'ouvrant sur un magnifique "Quelque part en Terre Creuse" comme pour mieux signifier que rien de bon je pourra jamais arriver dans un long-métrage qui débute avec une phrase pareille.
À la décharge du film, on pourra lui reconnaître le fait qu'il semble enfin avoir lui-même conscience de la bêtise de ce qu'il raconte (ce que le précédent n'osait pas) et y va à fond les ballons dans le registre du nanar de Titans dès ses premières minutes.
Accompagnée d'un montage qui ferait passer l'épilepsie pour un mal bénin, l'introduction est carrément lunaire, nous présentant Kong en train de prendre une douche, avoir mal à une dent et être tout chafouin d'être le seul représentant de son espèce pendant que Godzilla, lui, se fait tranquillement un road-trip radiogastronomique à base de fruits de mer en Europe. Dingue qu'on vous dit !
Mais c'est sans compter sur les humains (quelques têtes connues des premiers films, les autres se contentent de voir leurs villes détruites au quotidien sans broncher) prêts à décoller pour l'intrigue secondaire la plus débile qu'il soit, où une petite fille va devenir l'élue d'un peuple oublié manipulant la gravité au milieu des bêtes géantes. Ouais. Ils. Ne. Rigolent. Pas.
Saupoudrez le tout avec la venue d'un singe géant et ses sbires belliqueux, d'un hilarant Dan Stevens en véto de l'extrême fan de musique 80's (ça tombe bien, comme le film est en pleine régression sentai de cette époque, il en colle dès que l'acteur apparaît à l'écran, accompagné d'une esthétique pleine de cristaux fluos et d'intérieurs de vaisseaux rétros), d'un affrontement jouissif entre primates où un petit singe tout mignon (enfin... censé l'être car les CGI sont particulièrement affreux le concernant) devient un punching-ball malgré lui, un Godzilla se découvrant des talents de sprinteur ou encore un enchaînement de batailles finales tournant au véritable porn-Titans (entre une phase de gravité zéro et un combat digne d'une fin d'épisode de "Power Rangers", on ne sait plus où donner de la tête), et vous serez emmené aux portes du n'importe quoi général où seuls vos rires gras devant ce spectacle dégénéré vous ramèneront à un minimum de rationalité.
Car, oui, on se marre néanmoins vraiment devant "Godzilla x Kong", la plupart du temps contre lui, preuve de sa grande capacité à rester dans les annales comme un sacré nanar à gros budget mais parfois, plus étonnamment, en sa compagnie, comme si le fait de réaliser sa propre ânerie à grande échelle gommait certains aspects les plus insupportables de ses plus proches prédécesseurs (les personnages humains notamment, ils ont toujours été nuls et inutiles mais, là, ils paraissent le savoir eux-mêmes quelque part et merci à Dan Stevens d'être autant en roue libre).
Bref, n'espérez plus le ton du "Godzilla" de Gareth Edwards (que la série "Monarch" tente de ressusciter, on se demande pourquoi d'ailleurs après un machin pareil), "Godzilla x Kong" vrille fermement vers les pires films japonais mettant en scène les kaijus, ce qui en réjouira peut-être certains et en désespérera sûrement beaucoup d'autres... Mais quelle rigolade, tout de même.