On sent que la Warner a revu ses plans face au carton du récent Godzilla Minus One japonais, écrasant les bides consécutifs de Godzilla II et Godzilla vs Kong. Maintenant, pour ne pas empiéter sur les platebandes nippones, la Warner a décidé de foncer dans le film turbo-débile, qui se moque de lui-même (il ne se prend jamais au sérieux), enchaîne les scènes "WTF", et nous a finalement fait beaucoup rire par ce côté nanardisant (à gros budget) totalement assumé. On a donc un Kong et un Godzilla qui
jouent au base-ball avec le méchant à la place de la balle, Kong qui remplace sa hache par le bébé singe tout mignon pour mieux taper ses congénères (quoi, ça sert pas à ça, un bébé ?), un méchant qui est très très méchant car il se moque de l'appareil dentaire de Kong (et ça, faut pas...), les héros géants qui se font des petites dédicaces visuelles en pleine bataille pour dire "hey, merci mon poto"...
Et on n'oublie certainement pas le meilleur : Dan Stevens, complètement shooté, en chemise hawaïenne, qui sort des monologues philosophiques Ushuaïa Nature, qui joue dans un film...mais visiblement pas celui-ci. On l'a adoré. On pourrait résumer tout le film, qui avance à coup de ces scènes complètement fucked-up, mais on vous dira simplement que la salle entière (dix personnes, calmons nos ardeurs) a regardé le film d'un œil interloqué les première minutes, puis a capté que "non, c'est fait exprès", et tout le monde de rire comme des clés à molette jusqu'à la fin. Alors, attention, on se reprend, on ne dit pas que ce deuxième opus est un bon film, son scénario est même complètement bâclé :
les singes déplacent des cailloux depuis des années, mais on ne sait pas pourquoi (le sens de la vie ? 42 ?), Godzilla se la joue Sacha de Pokémon pendant une heure de film (pour dégommer toutes les créatures géantes qui se cachent dans le monde, et récupérer leur énergie) mais cela ne sert à rien ("Ah il est surchargé, il va être surpuissant, maintenant !", et deux secondes après : il se fait étaler par Kong en une grosse baffe. Remboursez.), Kong a mal au bras mais heureusement une équipe secrète avait fabriqué un bras droit bionique (pile poil cette partie là du corps) et l'a caché à 100m de là où Kong est allongé, dans une partie de la Terre normalement inexplorée, avec assez de gasoil - pas périmé, malgré les années - (et les clés sur le moteur) dans l'engin volant qui peut le transporter jusqu'à Kong (le Monsieur devant nous n'a pas pu retenir un "Oh ça, ça tombe bien, alors !", on a pensé pareil).
Bref, on n'a pas passé un mauvais moment, pour une fois dans cette saga qui d'habitude nous ennuie beaucoup, tout en sachant assister à un naufrage mental sciemment calculé par la Warner. On s'est senti comme Dan Stevens : totalement touriste (en chemise à fleurs) de ce spectacle abrutissant, assez fasciné par la turbo-stupidité volontaire de chaque scène, ne sachant même pas trop si l'on rigole du film, ou avec le film, mais au moins qu'on s'est bien fendue la poire.