Ne peux juger de l'adaptation qui a priori a choisi plutôt la fidélité réaliste à l'histoire plutôt que de chercher la traduction d'un style littéraire en un style cinématographique (La transposition dans le midi est une très mince entorse). Le résultat est donc propre avec un contraste entre la lumière explosive du soleil du midi et l'obscurité des scènes intérieures, particulièrement cette chambre glauque avec son vasistas (was ist das ? comment le personnage n'a pas fui ce lieu ?), puant à travers l'image le renfermé, loin en haut des escaliers, seule ouverture qui ne permet plus de voir le dehors, juste un bout de ciel, comme une cellule aménagée, une chambre de passe à l'air épais et acre. L'actrice (à qui on pourra reprocher d'en faire un peu trop par endroits), incarne très bien cette jeune femme, encore très ado aux pulsions contradictoires non maîtrisées, têtue et taiseuse, orgueilleuse mais pas contre prendre des raccourcis par les contacts de son père et par l'usage de ses charmes, qui malgré ce qu'elle connaît des hommes a été au droit au danger en sollicitant des faveurs... Une jeune femme pas la parfaite image d'innocence abusée répliquée, dont les faiblesses ont clairement favorisé la chute dans le jeu d'un homme. Mais ce ne sont sûrement pas les péchés ordinaires d'une jeune femme qui peuvent excuser la saloperie d'un homme de pouvoir. "- C'est un homme politique, il a un regard direct, brutal... - Et ça vous a plu ?" Le regard charismatique d'une personne qui sait qu'elle peut utiliser son pouvoir pour avoir ce qu'elle souhaite ou détruire. La peur qui peut aussi séduire. Mais l'homme tel que dépeint ici n'est pas spécialement méchant : pas plus crapuleux qu'un politicien, n'ajoute pas de violence physique... Il l'a juste piégée parce qu'elle était facile à piéger et qu'il avait le pouvoir de le faire... Et c'est rigoureusement cet acte que la société devrait condamner. Comme dans une tragédie, les personnages sont ainsi ni totalement bons, ni totalement mauvais, afin qu'on ne les juge pas directement mais qu'on juge de la gravité de leurs actes et qu'on compatisse sincèrement aux conséquences de ces actes. Et comme dans une tragédie, on sait dès le départ la quasi impossibilité de réussite de la démarche de la jeune femme. Comment en serait-il autrement quand on juge la morale de la plaignante ? La personne alcoolique, la jeune fille qui a fauté, le pauvre, le violent... en face d'une personne, d'un homme de toute puissance, dangereux, riche, en place, influent, beau parleur.
On se demandera tout de même le pourquoi de cette première scène de natation semi-nudiste...