En parcourant les vastes options de Netflix, à la recherche d'un trésor cinématographique marocain pour agrémenter ma soirée, je suis tombé sur "Abdelinho". Mon choix, motivé par une soif de découvertes culturelles authentiques, s'est avéré être une plongée inexorable dans les abysses du cinéma. Ce film, véritable odyssée de l'incohérence, s'étend sur des heures qui semblent des siècles, une torture cinématographique qui défie les limites de l'endurance humaine.
Dès le premier acte, l'intrigue se dévoile comme un curieux amalgame de clichés éculés et de rebondissements prévisibles, loin de toute ambition narrative digne de ce nom. Le réalisateur, visiblement perdu dans un monde imaginaire, propose une fresque confuse où logique et cohérence sont des notions étrangères. On pourrait même penser qu'il a découvert le Maroc à travers des cartes postales surannées, tant ses représentations sont stéréotypées et déconnectées de la réalité. Ce n'est pas sans rappeler les œuvres de Nabil Lahlou, alias Bouklawi, ce maître des scénarios abscons et des films qui défient toute logique cinématographique. Si "Abdelinho" se voulait un hommage involontaire à Bouklawi, alors il a parfaitement atteint son objectif.
Les acteurs, quant à eux, semblent avoir été sélectionnés pour leur prodigieuse capacité à réciter des dialogues avec la conviction d'un automate. Les émotions sont absentes, les personnages sont des silhouettes vides, de simples marionnettes de chair et d'os animées par des lignes creuses. C'est une véritable farce de performances ternes, une apothéose de monotonie qui, avec un talent presque admirable, réussit à plonger encore plus profondément dans les abysses de la médiocrité.
Sur le plan technique, c'est une symphonie de maladresses. La cinématographie est aussi plate et morne qu'une journée grise d'hiver, incapable de capturer la moindre once d'énergie ou de vivacité. Le montage, chaotique comme une partition de free jazz interprétée par un orchestre de débutants, et la bande sonore, évoquant autant d'émotion qu'une liste de courses, achèvent de parfaire ce tableau de misère artistique.
En somme, "Abdelinho" est une antithèse du cinéma de qualité, une œuvre qui crie au monde l'incompétence de son créateur. Peut-être le réalisateur devrait-il envisager une formation intensive sur la culture marocaine, la réalisation et l'écriture de scénarios. Cependant, il reste une lueur d'espoir : même les pires films peuvent devenir des classiques, ne serait-ce que pour leur bizarrerie insurpassable.