Si La Réunion a abrité de nombreux tournages français, Marmaille est le premier film réunionnais présenté dans les salles de la métropole. C’est également le premier long-métrage de son réalisateur, Grégory Lucilly.
Marmaille a entièrement été tourné en créole réunionnais.
Pour écrire son film, Grégory Lucilly a puisé dans son expérience au service de l’Aide Sociale à l’Enfance de Saint-Leu, à la Réunion. Une assistante sociale lui a alors confié que de nombreuses mères abandonnaient leurs enfants et que c’était pour elle une "situation banale". Un fait qui l’a profondément choqué, d’autant plus quand une employée de la Protection de l’enfance l’a mis face à des centaines de dossiers d’enfants livrés à eux-mêmes. C’est cela qui a incité le réalisateur à imaginer l’histoire d’un adolescent confronté à cette épreuve.
Le tournage a eu lieu à Saint-Leu, une cité balnéaire de La Réunion. L’Entre-Deux, un village typique situé dans le Sud-ouest de l’île, a également servi de décor au film. La scène du pique-nique au bord de la rivière, quant à elle, a été tournée dans le sud de la Réunion.
Si l’imaginaire collectif a toujours en tête La Réunion comme une île où les habitants vivent de manière précaire, Grégory Lucilly a souhaité en montrer un autre visage, plus positif, qui a connu un fort développement économique. C’est la raison pour laquelle le nouvel urbanisme de l’île est mis en avant, avec des appartements éco-responsables.
Grégory Lucilly a beaucoup travaillé sur des séries télévisées et s’est inspiré du format rapide et haletant pour construire son film.
Ce n’est pas un hasard si Gregory Lucilly a tourné son film à la Réunion. S’il a choisi l’île pour ses décors paradisiaques et sa richesse culturelle, ce n’est pourtant pas la seule raison. En effet, ce serait également un choix symbolique, comme il l’explique : "Je considère que cette île est encore à son âge adolescent. Elle est habitée seulement depuis quatre cents ans, et est encore en train de se chercher. Je voyais donc là un parallèle avec mes personnages, qui doivent, eux aussi, se battre pour leur avenir." relate-t-il.
La chorégraphe Amalia Salle, en charge des scènes de danse de Marmaille, avait déjà travaillé avec Grégory Lucilly sur un clip et un court-métrage, La Marche du singe.
En lisant le scénario, Amalia Salle a imaginé d’emblée la battle de danse finale. Des scènes de Billy Elliot lui sont également venues en mémoire mais elle s’est surtout inspirée des différentes techniques de breakdance, qui associent les acrobaties avec le "toprock", des danses debout.
Pour la scène de danse dans la rue, Amalia Salle avait une technique bien particulière. Elle courrait dans la rue à côté du caméraman et criait à Maxime Calicharane le nom des figures qu’il devait enchaîner ! En outre, cette scène est la première que Gregory Lucilly a tourné.
Si Maxime Calicharane pratique le breakdance, de nombreuses autres influences se sont greffées dans le film comme le maloya, une danse traditionnelle réunionnaise. D’ailleurs, le comédien a pris des cours avec un danseur de maloya pour s'imprégner des mouvements. Dans le film, la danse puise également dans le krump et l'afro pour accentuer la colère ressentie par son personnage, comme le décrit la chorégraphe : "Il fallait aussi qu’on sente que Thomas est encore un gamin et non un danseur professionnel. Il n’est pas le meilleur breaker de l’île et cela contribue aussi à le rendre humain. Nous avons donc cherché à restituer ce mélange de spontanéité, de talent et de maladresse qui le caractérise."
Dans le film, le hip hop permet au héros d’exprimer ses émotions, sa rage d’avoir été abandonné par sa mère, jusqu’à trouver l’apaisement. Un salut à travers la danse qui est, selon la chorégraphe, l’essence-même du hip hop : "Je pense que la danse a le pouvoir de sauver des gens. C’est la vertu de l’art en général. Le hip hop, dès sa naissance, a été salutaire pour beaucoup de jeunes, qui participaient à des battles plutôt que de se battre. C’est une discipline aujourd’hui reconnue, qui a ouvert des perspectives et a lancé des carrières pour de nombreux jeunes artistes, interprètes et chorégraphes du monde entier, qui étaient inadaptés au système scolaire classique."
La scène finale de battle de breakdance a nécessité trois-cents figurants !
Maxime Calicharane et Brillana Domitile Clain ont révisé leurs scènes par téléphone avant de pouvoir répéter ensemble à la Réunion, car l’acteur était alors étudiant à Sciences Po Paris.
C’est la propre voix de la compositrice du film, Audrey Ismaël, que l’on entend dans la comptine en créole du générique de fin, qu’elle a par ailleurs écrite et composée. Elle signifie en français : "Dis-moi, mon enfant, si dans ton petit coin de paradis, tu peux trouver un peu de place pour moi".
Audrey Ismaël a utilisé le violoncelle pour composer sa musique car, selon elle, c’est "un instrument qui permet de raconter des choses à la fois douces, graves ou violentes, et dont la tessiture est la plus proche de la voix humaine. Sa vibration est donc très émotionnelle et appropriée pour raconter des parcours initiatiques". Elle a également fait appel à des sonorités traditionnelles, le maloya, à l’aide de trois instruments typiques de l’île : le kayamb, le piker et le roulèr.
Maxime Calicharane et Brillana Domitile Clain sont tous deux des acteurs non-professionnels. Le premier a été déniché par la directrice de casting, qui l’a repéré lors d’une battle de breakdance à Saint-André, à la Réunion. Il a ensuite passé des castings et rencontré le réalisateur, qui lui a fait improviser certaines scènes avant de le choisir. Pour la comédienne, c’est son ancienne professeure de français qui l’a recommandé à la directrice de casting lorsqu’il fallait trouver une "Réunionnaise avec un fort tempérament" ! Les deux acteurs parlent couramment le créole réunionnais.