La Scoumoune est un film un peu faible de Giovanni, qui se laisse voir mais avec le sentiment d’assister à un métrage parfois maladroit au rythme hasardeux.
Le métrage est bien porté par Belmondo. Loin du cabotinage qu’il a parfois déployé, il porte bien son personnage, face à un Michel Constantin solide, et à une Claudia Cardinale charmante mais malheureusement assez peu exploitée ici. Elle se contente de vagues apparitions. On est comme souvent chez Giovanni dans du cinéma viril, et il ne sait pas trop comment donner une place au premier rôle féminin, dans ce film. Les personnages sont eux aussi typiques du cinéma de Giovanni, des truands plus ou moins reluisants. La Scoumoune ne surprendra pas par cet aspect.
Le scénario est moyen. Le départ est assez brouillon, mais le métrage parvient ensuite à s’installer relativement bien. Pour ma part, le défaut majeur de ce film reste ses ellipses très nombreuses et parfois assez monumentales, qui rendent les transitions très âpres et peu perceptibles, et la narration chaotique. C’est un problème réellement sensible, et assez gênant, qui ne parvient toutefois pas à gâcher pleinement un métrage qui, par ailleurs, propose quand même quelques bonnes scènes prenantes, et des rebondissements suffisamment nombreux pour garantir un divertissement correct quoique mineur à n’en pas douter.
Sur la forme ça reste du Giovanni, un réalisateur pas forcément transcendant mais avec un certain sens de l’image. Il maitrise honorablement ses scènes d’action, n’appuie pas trop ses effets, mais c’est du cinéma d’artisan laborieux plus que de vrai artiste. On ne sent pas d’ailleurs, contrairement à ses meilleurs métrages, une véritable ambition esthétique, et certaines séquences manquent de crédibilité (l’obus). Reste une reconstitution correcte quoique sans grand relief de l’époque. A noter une bande son signée François de Roubaix, qui surprend par son décalage avec la tonalité du métrage. Moyennement convaincu.
En clair La Scoumoune est un métrage moyen, qui se laisse voir mais sans plus. Je ne m’attendais pas à un chef-d’œuvre, mais clairement j’espérai un métrage plus maitrisé de la part de Giovanni, qui ici s’enlise dans une narration beaucoup trop brouillonne pour accrocher franchement. 2.5