Avis sur Au rendez-vous de la mort joyeuse

Une famille emménage dans un château en pleine nature. Des phénomènes surnaturels et dangereux ne tardent pas à s'y produire.
Très implicitement, Juan Luis Bunuel dirige les soupçons sur Sophie, la fille du couple que forment Jean-Louis Bory et Françoise Fabian, une ado douée de singuliers pouvoirs quand elle est contrariée. En somme la manifestation de la délicate crise de l'adolescence! C'est une interprétation car le rejeton de Luis Bunuel n'en propose aucune.
Le réalisateur construit un récit très simple avec des personnages ordinaires qui conservent, en dépit des incidents troublants, un ton et un comportement toujours justes. Bunuel a l'habileté de faire naître un sentiment d'inquiétude, sinon d'angoisse, sans donner dans l'effroi ou la surenchère macabre.
En revanche, dans la deuxième partie, quand la demeure accueille d'autres personnages, le récit ronronne, prosaïque et sans véritable relief dramatique. C'est un film bien intentionné mais comme inabouti, un exercice de style où le fantastique selon Bunuel Juan prend parfois les airs du surréalisme cher au papa Bunuel.

Fiston de l'immense Luis Bunuel, Juan Bunuel a essayè en 1972 de renouveler le fantastique à partir de la routine quotidienne. "Au rendez-vous de la mort joyeuse" est pas mal du tout dans son genre, c'est une oeuvre insolite du cinèma fantastique dans laquelle une jeune femme provoque d'inexplicables catastrophes dans la maison qu'elle vient hanter au cours de la nuit! Mais nul autre rèalisateur en tout cas n'aura, avant William Friedkin ou depuis "The Exorcist", rèussi à obtenir un tel impact à travers ce sujet, ou plutôt ce climat de possession et de sorcellerie! Soit que le traitement en fût trop subtil pour frapper le grand public: tel est le cas, par exemple, de "The Haunting" de Robert Wise où à aucun moment le rèalisateur ne montrait un fantôme ou un esprit! Rien n'est matèrialisè! Tout est dans l'imagination des personnages et dans la bande son ! Le cas de ce premier long-mètrage de Juan Luis Bunuel ègalement, sur le thème efficace de la possession d'une jeune fille par une maison qui semble avoir le bèguin pour elle! Avec son look « baba cool » , Gèrard Depardieu faisait là ses dèbuts! Une vraie curiositè où les tables volent dans tous les sens, où l'on se fait sèrieusement malmener par un frigidaire et ou l'on plonge sa main dans une casserole d'eau bouillante sans savoir pourquoi...

Je ne peux plus supporter les distributeurs de DVDs français, ni les maisons de production qui planquent leurs films réussis, vieux de trente ans, dans des tiroirs, sous prétexte que le public risquerait de découvrir qu'aujourd'hui, les cinéastes français se moquent du monde et sont particulièrement médiocres.
"Au rendez-vous de la mort joyeuse" dispose d'un casting : Jean-Pierre d'Arras, Jean-Claude Dauphin et Michel Creton, ainsi qu'un réalisateur : Juan Luis Buñuel, d'enfer. Yasmine Dahm : La jeune fille hantée du film est aussi jolie qu'inquiétante. Seul Depardieu, en débutant, incapable de créer un autre rôle que Danton ou Cyrano (et encore), se plante lamentablement dans son interprétation de caméraman TV.
L'histoire est extraordinairement bien filmée et la terreur est distillée avec une précision millimétrique. Quand j'ai vu ce film à sa sortie, en 1972, j'ai été complètement scotché à mon siège par plusieurs scènes choques. 41 ans plus tard, bien restauré, il pourrait être l'objet d'une sortie DVD ou bien Blu-ray, honorable.
Il faut savoir que ce film raconte l'histoire d'une équipe de télévision aux prises avec des évènements surnaturels, dans un manoir en France et qu'il est à l'origine des found-footage sautillant et noirâtres envahissant aujourd'hui nos écrans. Sauf que, "Au rendez-vous de la mort joyeuse" : "Expulsion of the Devil" aux USA, fut tourné par un maître du fantastique et une équipe d'opérateurs compétents.
A voir quant on peut mettre la main dessus ...